Slayers Revolution / Evolution-R

Titre : Slayers Revolution/Evolution-R
Nombre d'épisodes : 26 (13x2)
Studio : JC Staff
Année de production : 2008-2009
1ère Diffusion : 2 Juillet 2008 - 24 Septembre 2014/12 Janvier 2009 - 6 Avril 2009
Chaine : TV Tokyo
Staff:
Auteur: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation : Takashi Watanabe (Lost Universe; Ikki Tousen...)
Scénario : Jiro Takayama (El Hazard; Angel Link)
Chara-design : Naomi Miyata (Lost Universe; Is Pure...)
Décors : Shinji Kawaai (Lupin III OAV, Happy Seven)
Compositeur : Osamu Tezuka (Medabots)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara (Ranma 1/2; Neon Genesis Evangelion; Cowboy Bebop)
Gourry Gabriev : Yasunori Matsumoto (Fullmetal Alchemist; Love Hina)
Zelgadis Greywords : Hikaru Midorikawa (GTO; Slam Dunk)
Amelia Will Tesla Saillune : Masami Suzuki (Gate Keepers; Suzuka)
Xellos : Akira Ishida (Evangelion; Naruto; Chrno Crusade)
Wizer : Akio Ohtsuka (Slayers Return; Samurai Champloo; Saint Seiya)
Pokota : Yumiko Kobayashi (Ikki Tousen; Soul Eater)
Zanaffar : Kouji Ishii (Azumanga Daioh; El Hazard)
Zuuma : Nobuo Tobita (Mobile Suit SD Gundam; Saint Seiya Omega)
Ozel : Haruka Kimura (Kurenai;Valvrave the Liberator)
Rezo : Takehito Koyasu (Evangelion; Jojo's Bizarre Adventure)
Opening:
Revolution
Titre: "Plenty of Grit"
Interprète et paroles : Megumi Hayashibara
Compositeur : Go Takahashi
Arrangements : ?
Evolution-R
Titre: "Front Breaking"
Interprète et paroles: Megumi Hayashibara
Compositeur : Hidetoshi Satõ (Neon Genesis Evangelion)
Arrangements : Shou Gotou
Ending:
Revolution
Titre: "Revolution"
Interprète et paroles : Megumi Hayashibara
Compositeur : Go Takahashi
Arrangements : ?
Evolution-R
Titre: "Sunadokei"
Interprète et paroles : Megumi Hayashibara
Compositeur et arrangements: Yabuki Toshirou
Après avoir perdu l'épée de lumière lors d'une précédente bataille, Lina et Gourry continuent leur voyage à la recherche d'une arme de remplacement. Alors qu'elle s'attaque à des pirates, Lina retrouve Amélia et Zelgadiss.
Mais la joie laisse vite place au doute, quand apparaît Wizer, un enquêteur criminel, qui voue sa vie à trouver le moyen d'emprisonner Lina ainsi que Pokota, une mystérieuse créature capable de créer les mêmes boules de feu que la célèbre magicienne (résumé Black Bones)!

C’était il y a onze ans. Slayers Try concluait de bien triste façon ce qui semblait être la fin définitive de Slayers en Anime. Une fin dont nous avons déjà bien débattu ailleurs et qui ne mérite franchement pas qu’on lui accorde plus de temps. Pour cela, je vous renvoie donc au dossier approprié. Silencieuse, notre bonne vieille copine Lina Inverse semblait condamnée à la postérité. Sa dernière apparition datant de 2001 (Sept ans déjà) et s’avérait une aventure Cinématographique des plus courte et pas vraiment sa plus convaincante. On commençait à s’être fait à l’idée : Slayers la saga Animée, c’était terminé ! Plus d’espoir… La flamme quasiment éteinte. Ne nous restait plus qu’à s’en rappeler de temps en temps avec nostalgie.
C’est à ce moment là que la flamme s’est ranimée ! Slayers allait s’enflammer encore une fois et la révolution pouvait commencer.
Slayers Revolution c’est son p’tit nom ! Mais c’est également Slayers Evolution-R ! Kezaco ? Ne vous laissez pas perturber par cette double appellation !
Il s’agit bien de la seule et même œuvre. Car Slayers Revolution c’est son nom de jeune fille ! Slayers Evolution-R son nom marital. Mais son véritable nom c’est Slayers Revolution-R. Pourquoi donc ? Car bien qu’officiellement il s’agisse de deux saisons, il est clair qu’il ne s’agit que d’une seule et même entité ! Un tout conçu comme telle ! Si la scission a permis un petit battage médiatique et quelques digressions dans les traditions Slayers (deux Season Premiere et Final; deux opening et ending), ce gadget publicitaire n’aura clairement pas d’importance une fois l’eau coulé. Tous les signes ou presque amènent l’oublier avec le temps. Parfois de façon assez flagrante (Les deux saisons ont un titre quasiment similaires ; le fil conducteur est le même), parfois de manière plus subtile (l’agencement des épisodes de Evo-R incohérente si on la prend de façon indépendante). Mais ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas parler de l’une sans aborder l’autre. C’est pourquoi j’ai décidé de traiter les deux parties ensemble et de considérer ces deux saisons comme une seule saison. La saison 4 de Slayers, soit 26 épisodes comme toutes les autres, que j’appellerai communément Revolution-R (Je pense que le R final a son importance. Pourquoi ? Rappelez-moi de l’aborder plus tard). Maintenant ceux qui regretteront que ça sonne comme « Révolutionnaire », eh bien sachez qu’il s’agit d’une réflexion que j’aborderai effectivement… Non c’est juste une coïncidence si ça sonne comme une tentative de jeu de mot vaseux. Je vous prierai donc de ne pas m’en blâmer.
Douloureux héritage… Bis repetita :
Dix ans on a beau dire, c’est long. Très long. Et ça même pour le plus patient des fans. Comme celui-ci n’a pris le dernier film que comme une petite douceur pas franchement non plus des plus savoureuse, on peut dire que pour lui le deuil de Slayers (l’anime, j’espère ne pas avoir à le répéter en permanence) était quelque chose de fait depuis longtemps. Est-ce qu’il désirait une suite ? Il la fantasmait pour sure ! Mais de la à dire qu’il la voulait forcément… Je pense que c’est un pas à ne pas franchir avec certitude. Slayers le retour ? Oui mais comment ? Sous quelle forme ? Pour dire quoi ? La Japanime a bien changée en dix ans ! Nous avons changé ! La fin originale n’avait déjà pas été bien joyeuse, alors voulons-nous vraiment prendre ce risque de toucher au mythe ? C’est une chose d’avoir une mauvaise saison sur trois… C’en est une autre d’en avoir deux sur quatre.
Si c’est pour subir un Slayers Try 2 il n’est pas dit que le téléspectateur l’accepte une nouvelle fois.
Et c’est là toute la délicate tache de cette nouvelle saison : Reconquérir ! Reconvaincre ! Regagner le cœur de son public et ça dix ans plus tard ! Passer derrière « Try » est pire que passer derrière «Next », car nous avons eu tout le temps nécessaire pour ruminer notre déception d’un si mauvais final. Si Revolution-R était arrivé juste après, nous l’aurions pris comme une erreur de parcours. Mais dix ans après ? Ça sonnerait presque comme une mauvaise blague.
En soi, Slayers Revolution arrive trop tard qu’on se le dise. Et fait rare pour une franchise qui fut jadis populaire, elle se voit obligée de refaire ses preuves comme au premier jour : avec un budget serré et à peine la moitié des épisodes dont elle disposait habituellement (vous pensez vraiment qu’Evolution-R aurait vu le jour si la première partie s’était complètement vautrée ?).
Ancienne championne en titre ! La voici redevenue Challenger ! Et sachez que même votre serviteur, s’il a accueilli l’annonce avec joie, était quand même quelque peu sceptique.
Mais d’un autre côté… Pouvons-nous ne pas succomber une nouvelle fois à l’appel de Lina Inverse ? Trêve de plaisanterie ! Il est temps d’entrer dans le vif du sujet.
Partie 0 (générique)

Eh bien sur se pose la première question : s’il s’agit de la même saison. Quel générique est le bon ? Lequel il faut traiter ? Nous sommes dans un dilemme hautement métaphysique ! Même si la réponse est en fait plus simple que ça : il faut parler des deux ! A partir du moment ou il y a deux générique, peu-importe si l’on considère cette saison comme un tout ou non. Il y’en a deux de toute façon. La vraie question est : faut-il d’abord parler du premier, « Plenty of Grit » et n’aborder « Front Breaking » que lorsqu’il prendra la relève ? Ou les deux en même temps ? Je choisis la seconde solution pour une raison toute simple : le second n’est pas aussi riche que son jeune ainé. Et je concède que c’est aussi un peu parce-que ça me simplifie la construction.
Qu’est-ce qu’apporte le générique de Revolution ? Un début de réponse à ce que sera cette nouvelle saison : un cadeau pour les fans. Et tout sera fait pour notre confort et nous brosser dans le sens du poil. Dès le premier contact nous avons donc Lina qui se présente avec sa voix tonitruante, comme pour nous dire qu’elle est toujours en forme, illustré par un avis de recherche qui défile. La seule fois ou la série s’est ouverte de cette façon c’était avec « Slayers » première du nom. Et ce n’est pas tout ! La musique jouée en fond n’est autre que la même employée lors de la séquence finale de « Next » (le mariage entre Zanglus et Martina), une façon implicite de nous dire qu’il s’agit de la suite directe de cette saison et qu’elle cherche probablement à se détacher de « Try » (sans la renier totalement). D’ailleurs, si vous retiriez juste la séquence ou Xellos rend l’épée de Lumière à Gourry, ça pourrait être parfaitement le cas. Un petit quelque chose à faire pardonner peut-être ?
Puis la chanson démarre. Et c’est un son electro comme on en fait plus qui se lance. Ringard pour certains, mais tellement Slayers. La mélodie est punchy et les images énergiques. Et comme toujours, c’est rempli de petits détails par rapport à la saison complète, pas uniquement son premier tiers (la véritable apparence de Xellos qu’il ne dévoilera que dans la seconde partie).
Mais pour le reste c’est un véritable festival de clins d’œil aux anciens générique et principalement à Next : on retrouve une quantité de plans quasi à l’identique. Il y a également des références aux romans, mais comme je l’ai déjà expliqué, j’essaie de traiter au maximum cette série en tant que telle.
On assiste donc à un véritable retour aux sources qui pourrait déjà poser une question : en quoi s’agit-il d’une révolution si le générique s’affiche déjà comme nostalgique ?
On peut déjà donner la réponse : Slayers fait d’abord une révolution à soi-même. Et comme Lina Inverse l’a toujours fait, cette révolution elle se fait à l’envers ! Pourquoi vous croyez que la deuxième partie s’appelle Evolution-R ? Je vous ai dit que le « R » à la fin n’était pas anodin.
Vous attendiez quelque chose de différent ; une animation nouvelle génération et visant principalement un nouveau public ?
Eh bien non ! Cette saison sera nostalgique et s’autorisera d’être ringarde ! Elle se permettra de la faire à l’ancienne ! Comme au bon vieux temps ! A une époque ou les séries sont toutes à vouloir chercher le concept qui n’a pas été fait, Slayers prend le contre-pied et fait exactement comme elle a toujours fait et comme elle l’a toujours si bien fait.
Là est tout le concept de ce tout qu’est Revolution-R ! Là est le sens de cette « révolution », si vous n’adhérez pas à ça, vous pouvez ne pouvez pas apprécier cette saison. Ce qui en soi n’est pas condamnable. On a le droit d’avoir espéré quelque chose de nouveau et d’être déçu de ne pas l’avoir eu.
Maintenant j’en profite pour rapidement parler de l’animation. Comme je l’ai dit, elle parait un peu datée. Mais à partir du moment où vous acceptez ce qu’est Revolution-R (qui n’a pas non plus une plastique affreuse), je trouve paradoxal de l’attaquer là-dessus. Déjà parce-que c’est un facteur qui n’a plus de sens avec le temps et aussi que généralement ceux qui y voient un défaut sont les premiers à défendre la première saison de Slayers en rétorquant que l’animation ne fait pas tout.
Eh oui ! C’est tout ça le générique « Plenty of Grit » ! C’est l’exposition d’un état d’esprit qu’il va falloir soit accepter, soit rejeter. Donc choisis ton camp camarade !
Mais qu’en est-il de « Front Breaking » ? C’est un peu plus délicat, car s’il est dans la même mouvance nostalgique il est beaucoup moins subtil que le premier. Oui on voit Phybrizo, Garv et Valgarv (qui fonce sur Lina pour finalement se rétracter. Comme d’hab’, il est incohérent. Sacré lui !), mais je veux dire… Qui ne les a pas vus ? Ce n’est pas « Wouah tu as remarqué à tel plan ce détail de dingue ? », c’est clairement bien visible.
Il y a bien sur quelques cadeaux mieux cachés (Lina sous la forme du LoN par exemple), mais ils sont moins nombreux. En fait, d’un point de vue esthétique, pas musical, ce générique est plus « original » et indépendant. Mais il est aussi moins intéressant au niveau de sa symbolique.
On continue l’idée d’un retour en arrière avec les rouages qui font penser à une mécanique de montre, même si c’est pas forcément censé être ça, et le titre explose dès le départ, tandis que dans Revolution c’était à la fin. Ajoutez aussi le fait qu’il manque pleins de personnages qui étaient dans le premier générique mais peu présent dans la série alors que là… C’est l’inverse encore une fois.
C’est un cadeau ! Une sorte de bonus en fait. Avec plus une mécanique de clip que d'Opening au final. Il y en aurait des choses à dire quand même et il est largement plus léché que « Plenty of Grit » d'un point de vue plastique. Mais j'ai du mal à le considérer de la même façon que les Opening de Slayers. Peut-être reviendrai-je dessus plus tard.
Difficile en tout cas de toute dire, tant rien qu’avec ces deux opening il y a matière a débat et à discussion. Mais mieux vaut quand même avancer et nous plonger sérieusement dans le plus important : la série !
Partie 1 (épisode 1) :

Et voila que s’ouvre cette nouvelle aventure sur des pirates ! Comme pour reprendre en mains ses traditions, la série n’attend pas une seconde pour démarrer sur la classique rixe avec les brigands. Sauf que cette fois-ci, il s’agit de pirates. Car comme Lina l’explique, les brigands il y’en a plus des masses, alors il faut laisser à l’espèce le temps de se repeupler. Là est le gag, mais il apporte une indication importante. En fait dès le départ, beaucoup d’indications à propos de l’univers nous sont données. C’est le cas avec l’entrée en scène de Lina et Gourry, le duo phare, à fond sur leur petite embarcation. Une fois percutée le navire, Lina se lance dans un speech pour se présenter sous-prétexte que les pirates ignorent son nom. Il est vrai que si elle a l’habitude de s’annoncer, elle ne prend généralement pas la peine de se décrire elle-même. Alors pourquoi elle le fait ? Et c’est alors que le titre de l’épisode apparaît sur le même jingle musical de « Next ».
Grâce à tout ça, nous avons déjà la notion de temps et de lieu qui sont établies. Pas non plus une notion précise, mais on sait déjà qu’un bon moment s’est écoulé. Une complicité s’installe entre les personnages et le spectateur, mais une complicité qui ne touchera que les fans. Car pour lui ça fait dix ans (ou peut-être moins, mais le fan plus jeune sait que la série n’est plus diffusée depuis des années). Et si dans la série il ne s’est pas écoulé dix années, les personnages agissent comme tel. Habituellement, les brigands craignent immédiatement le nom de « Lina Inverse », ici, il faudra plus de temps pour que ça leur revienne. C’est pour ça que Lina se sent obligée de se représenter et lorsqu’elle et Gourry retrouvent Amélia et Zelgadiss, ils n’arrêtent pas de se dire que « ça fait un bail » et qu’ils « n’ont pas changés ». On répète les noms plusieurs fois, on décrit à nouveau les personnages alors qu’on est censé les connaître. Bref on reprend à zéro pour les nouveaux spectateurs, mais on a déjà créé un lien avec le vieux fan. Cette complicité sera d’ailleurs le ciment de toute la saison (la référence aux deux royaumes détruits dans Slayers et Slayers Next : Sairaag et Zoana).
Bref nous savons que du temps s’est bien écoulé, renforcé par cet indice que sont les pirates. Si les brigands sont en voie d’extinction, c’est qu’elle a du en massacrer pas mal entre-temps.
Le lieu est très flou au départ, c’est sûr ! Mais dans le comportement, on constate que les pirates, s’ils ne connaissent pas Lina, ils ne sont pas du tout surpris par sa magie et on même capturée une femme-poisson. Tout ça est typique du comportement des habitants de la barrière. On devine donc aisément que nous sommes revenus sur l’ancien terrain de jeu de nos camarades, chose qui sera d’ailleurs vite confirmé.
Mais cela amène à réfléchir sur la voie que semble avoir choisie la série. Alors que la chute de la barrière avait été exploitée immédiatement par Try et que nos héros avaient dès le départ comme ambition de voyager à travers ce nouveau monde, les voila revenus dans leur patrie. Difficile de croire qu’ils ont eu le temps de tout visiter. Les revoir chasser les brigands, tout ça sous un jingle de « Slayers Next »… c’est un message clair : « on oublie de Slayers Try ».
Totalement ? Non quand même pas et cela aurait été une grave erreur.
Car à la suite de cette séquence et des retrouvailles, c’est l’intrigue qui se met en place. L’arrivée de Weiser souhaitant capturer Lina, sous prétexte qu’il s’agit de « Lina Inverse » au nom du royaume de Luvinagard, tout comme la présentation furtive de Pokota et des tanks magiques sont autant d’éléments scénaristiques qui seront développés par la suite. Et ça par contre, c’est typiquement ce qu’avait fait « Slayers Try ». Mais comment le reprocher ? Encore aujourd’hui, « Try » possède sans doute le meilleur début de saison jamais fait, il faut lui reconnaître ça (nous aborderont le cas du début d’Evo-R plus tard). La conception des deux premiers épisodes est d’ailleurs très similaire. Si j’ai finalement décidé d’isoler ce premier épisode, c’est parce qu’il a quand même cet aspect très similaire à ceux des premiers jours. C’est une sorte de mélange de tout ce qui a été fait. Slayers Revolution ou le meilleur épisode d’ouverture ? C’est peut-être un peu ambitieux pour lui, vu que beaucoup d’éléments ne fonctionnent que si la complicité avec le spectateur a été établie.

Pour ça je prendrai l’exemple de Gourry qui ne possède plus l’épée de lumière et qui se voit contraint de se battre avec un bout de ferraille. Si l’on ignore qui est ce personnage, qu’il a possédé l’une des arme magique les plus puissante de ce monde et qu’il est fin escrimeur qu’avons-nous ? Un pauvre guerrier un peu balourd qui n’est pas très efficace. Or, si on connaît son passé, si nous somme complice du personnage donc, on sait ce qui lui est arrivé et on sait que le pauvre bougre ne déploie pas tout son potentiel. Le voir contraint de reforger son épée en plein combat n’a donc pas le même impact. Tout comme ses problèmes de mémoire qui ne toucheront pas franchement les nouveaux venus, le prenant comme un trait du personnage. Tandis que le spectateur plus ancien, sait que ce point n’a pas cessé d’être de plus en plus mis en avant. C’est un aspect évolutif de Gourry (ou régressif dans son cas), dont il semble plus atteint qu’avant à un niveau qui paraitrait exagéré. Exagération qui est partagé par ses compagnons, n’en revenant pas eux même que c’en soit à ce point désormais.
Et tout ça se conclue par un Drag Slave qui n’est pas lancé par Lina, révolutionnant la plus grande tradition de Slayers. Là encore, la réaction de Lina qui pourrait être assimilée à un caprice n’en est clairement pas un. Ou du moins ce n’est pas ça l’important. Ce qui compte c’est qu’elle reflète la réaction du spectateur lui-même ! Ils ont osés toucher à cet aspect quasi-ancestral de la série. La « scène » de Lina (c’est d’ailleurs elle-même qui la nomme ainsi, une façon de briser le « quatrième mur » et qui ne peut être pleinement compris que si l’on connaît les anciens épisodes). En dehors de son contexte, c’est une fille qui tape une crise pour quelque chose qui semble relever du détail.
Et je m’arrête là, car dans ce simple épisode il y aurait de quoi continuer encore bien longtemps. Quasiment toute la saison est là : l’importance de la complicité entre le spectateur et la série ; les retouches anodines au premier abord mais finalement très importantes ; la nostalgie ; l’esprit ; la mythologie ; l’humour (ça faisait longtemps qu’on n’avait pas ri devant Slayers) !
Tout est repris en main dans cet épisode. Comme une volonté de convaincre immédiatement. Mais il faut un peu plus qu’un épisode, donc il est temps d’avancer.
Partie 2 (épisodes 2 à 4) :

Et nous voici dans une première session d’épisodes Break, ou pas tout à fait. En effet, comme je vous l’ai dit, le second épisode aurait parfaitement pu être compté avec le premier vu qu’il s’agit d’une ouverture en diptyque. J’ai fait le choix de plutôt le regrouper avec les deux premiers épisodes break, de par la nature de ces épisodes.
D’épisodes humoristiques il s’agit, pas de doute à ce sujet. Mais un peu à la manière de « Try », pas mal de petites infos sont distillées durant ces épisodes en ce qui concerne l’intrigue et les personnages. Par exemple l’épisode 2 nous parle un peu plus de Luvinagard et des tanks magiques. Il y a également une plus longue introduction des personnages Pokota et Weiser, ainsi que l’apparition de la nouvelle épée de lumière. Avec toutes ces informations, on serait en mesure de penser qu’il s’agit d’un épisode fondamental ! Sauf qu’il y a quand même un petit problème voir deux.
D’abord, toute la seconde partie n’est qu’une chasse à l’homme (ou chasse au Pokota) dans la forêt. L’épée de lumière y étant vraiment introduite de façon quelque peu abrupte.
Bien sur, on pourrait dire qu’il ferme logiquement ce diptyque avec un Drag Slave de Lina, vu qu’elle n’avait pas eu l’occasion de le lancer lors de l’épisode précédent. Mais cela reste bien maigre. Et en ce qui concerne les tanks magiques... vous ne les verrez plus jamais en action (celui de Lina ne compte pas). Fausse piste créé par la série, ils n’ont aucun vrai rôle, même si ils sont souvent nommés. La vraie intrigue de ce premier arc n’est autre que le royaume de Taforashia et l’armure de Zanaffar. Les tanks magiques ne sont qu’une façon indirecte de l’introduire.
A la fois break mais également scénaristique (même si caduque dès l’épisode 5), difficile de vraiment caser cet épisode quelque part de façon concrète.
Les deux suivants sont un peu basés sur le même modèle, sauf que l’aspect mythologique n’est pas aussi riche. A vrai dire il s’estompe pas mal dans l’épisode 3 pour être complètement absent de l’épisode 4. Là encore ils servent surtout à nous familiariser avec l’inspecteur Weiser et continuent cette chasse au Pokota. Ils ne nous offrent pas de véritables infos scénaristiques mais prennent leur temps pour nous brosser le portrait, à la sauce Slayers, de ces deux nouveaux personnages.

Pour ce qui est de Weiser, autant dire tout de suite qu’il est l’une des réussites de cette première partie, car il apporte un peu de fraicheur dans la galerie des adversaires de Lina.
Généralement, les ennemis de Lina veulent soit la tuer, soit la capturer pour finalement la tuer (genre Vulmugum). En tous les cas, il n’est pas compliqué de les catégoriser comme des vilains. Weiser est un inspecteur, c'est-à-dire qu’il n’est pas un méchant conventionnel qui veut la capturer pour ensuite la tuer. C’est d’abord un fonctionnaire qui fait juste son job. Mais il fait quand même ses petits coups à droite et à gauche, s’avérant plus malin qu’il n’en a l’air. Il n’est pas vraiment un méchant, mais ce n’est pas franchement un allié non plus. On pourrait plutôt parler de lui en termes d’opposant. Il s’oppose a elle car c’est sa mission, mais il n’en fait pas non plus de zèle : son travail était de la capturer, il ne cherche pas non plus sa mort. En cela il diffère déjà énormément et du coup Lina ne peut pas se contenter de le tuer comme elle le fait d’habitude, car il n’est que le représentant de ses véritables adversaires. Je pourrai en faire hurler certain, mais il est comme un Xellos du côté humain ! Il répond de ses supérieurs et n’est pas aux services de la marquise Gioconda, du coup comme Xellos, il roule également un peu pour lui et a ses propres objectifs. Et tout comme lui, son comportement envers Lina et ses compagnons dépend du moment, si ça l’arrange ou pas. D’ailleurs ses rapports avec ledit Mazoku vont dans ce sens, comme le prouve l’épisode 8 et surtout le 13.
Ensuite, pour être le parfait opposé (théorie de l’inversé) des adversaires récurrents, il est plus âgé et beaucoup moins beau qu’a l’accoutumé. Rezo, Halcyform ; Alfred; Garv ; Hellmaster ; Xellos... Ce sont tous des opposants qui sont soit beau, soit charismatiques. Weizer est un flic d’âge mur qui n’est pas laid, mais qui porte les années et qui se voit très souvent tourné en ridicule.
Pour tout ça, Weizer est la réussite de l’arc « Zanaffar » en ce qui concerne les nouveaux personnages et il est bien dommage qu’il n’ait pas un plus grand rôle.
Maintenant revenons un peu sur ces épisodes breaks. Si l’on considère que le second est quand même important pour l’histoire, cela veut dire que l’on fait une coupure tout juste après avoir lancé l’intrigue… Quelle autre saison a faite comme ça ?
Vous l’avez compris, ce schéma a un doux parfum de Try qui n’est pas pour rassurer. Et pourtant cela marche beaucoup mieux ici. S’il est évident que le découpage est le même, on l’accepte sans que cela ne nous interpelle. Quelle est la formule miracle ? C’est très simple : une narration plus fluide et moins pète-cul. Le problème dans le cas précédent était que l’histoire se lançait de quelque chose de très ambitieux (sauver le monde) et très compliqué dès le départ (mais on te dit pas de quoi), qui aurait nécessité plus de temps pour pouvoir correctement se développer. Ici les enjeux sont quand même moins grands. On parle de tanks magiques et d’un petit être à poursuivre. Les questions sont nombreuses, mais on a plus l’impression qu’il s’agit d’un quiproquo. Pas de quoi non plus s’emballer, la véritable intrigue n’a pas encore commencé.
Et du coup ça marche ! Revolution-R mélange la narration de Slayers à quelque chose de plus classique et ça tourne très bien. La question principale reste cela-dit la même quel que soit la saison : est-ce que c’est drôle ?
Et là… C’est plus délicat. On n’avait pas eu d’épisode break convenable depuis « Next », donc forcément qu’on ne peut pas trouver ces nouvelles moutures totalement désagréables tant elles sont supérieures à celles de Try. Mais un peu trop jetables si vous voulez tout savoir.
Les gags font souvent mouche et les références pour fans sont bien là (aaah la méduse géante), sauf que tout ça tourne un peu à vide. Le premier est une histoire d’animaux de compagnie enlevés pour être transformés en chimères et le second c’est Lina qui créé un faux tank pour capturer Pokota. Clairement, l’un n’est pas du tout intéressant car complètement hors-sujet et l’autre sympa mais n’avait pas de quoi remplir un épisode complet. Et avec le temps il y a de grandes chances pour qu’on les zappe lors des revisionnages de la saison, en particulier l’épisode 3 (le 4 ayant quand même quelques éléments intéressant et une bonne dose d’action).
Bien sur que Slayers a déjà eu quelques épisodes breaks totalement hors-sujets qui ont fonctionnés l’épisode du théâtre (Slayers 16) ou encore la pêche au dragon (Slayers Next épisode 7). Mais les intrigues étaient mieux rythmées que cet épisode qui patauge et conclue dans le grotesque. Pourtant je vous dis ! J’ai ri ! J’ai beaucoup ri même. Sauf que l’intrigue m’a été pénible. Et avec le temps les gags s’usent, seule l’histoire est immuable.
Partie 3 (épisode 5) :

Heureusement on oublie très vite ces épisodes sympathiques mais un peu maigrelets pour enfin plonger dans le cœur de cette saison. Et comme pour se faire pardonner de nous avoir laissé qu’un os à ronger en termes de mythologie, voila qu’elle pleut d’un coup d’un seul et qu’elle brasse très large. On nous raconte toute la légende de Taforashia en revenant aux bases de la narration Slayers : une personne qui explique aux autres avec seulement quelques images pour illustrer. La différence est qu’étrangement, personne ne semble connaître ce pays. Gourry dit en avoir entendu parler mais ne s’en rappelle plus et c’est dommage que finalement la série n’ai pas poussé au bout l’inversion.
En effet, durant cette scène c’est Pokota qui raconte à tout le monde la belle histoire de son pays. Et comme j’ai dit c’est étrange. Car que Gourry n’en connaisse rien c’est un fait et c’est même son job, mais aucun des autres protagonistes non plus. Or la tragédie n’est pas si vieille pour que plus personne ne se rappelle de ce pays, surtout Lina et Amélia. Du coup, alors qu’on aurait pu croire que pour une fois c’aurait été Gourry qui narre la légende, le récit ne va pas au bout de son idée et fait finalement dans le « classique ».
Et du coup, hormis rendre Gourry simplement ridicule, il n’aura servi à rien.
Donc profitons-en pour parler de ce point assez sensible qu’est l’utilité des seconds rôles. Car c’est quelque chose que vous ne pouvez pas avoir loupé si vous avez regardé ce premier Arc : Gourry, Amélia et Zelgadiss ne semblent pas franchement utiles. Certains même ont reprochés qu’ils soient là. Qui donc ? Moi ! Sauf que j’étais jeune et fougueux et que je ne savais pas ce que je disais. Car à la réflexion… Ils ne sont pas utiles. Sauf qu’ils vont le devenir et c’est un aspect qu’il faut que le spectateur prenne en compte.
Rappelez-vous « Slayers Try » (courage). Trouviez-vous vraiment qu’ils étaient plus utiles ? Pas vraiment. Ils ne ressemblaient d’ailleurs même plus à ceux qu’ils étaient. Pire encore ! Xellos les accompagnaient même durant une grande partie du périple et se voyait réduit à un sidekick. Eh bien voici le travail entamé dans ce premier arc qui sera complété dans le suivant : la réhabilitation des personnages. Sauf que pour cela, il faut garder une certaine cohérence avec ce qui a été fait, qu’on le veuille ou non. A la fin de Try, Lina et Gourry n’avaient pas vraiment échangés grands mots, quant à Zelgadiss et Amélia ils ne faisaient que suivre. C’est ce que fait Revolution-R. Elle reprend la ou on en était et insère petit à petit des éléments qui remettent les protagonistes sur le « droit chemin ». Et nous verrons par la suite, dans un épisode en particulier, que ça a marché.
Même si là, Lina semble plus s’éclater avec Pokota qu’avec son fidèle compagnon de route, il faut laisser au temps à la série de recoller tous les pots cassés.
Et vu qu’on parlait de Xellos, revenons sur lui ! Car lui aussi fait son grand retour dans cet épisode, sauf qu’il est un peu plus comme ce qu’on connaissait de lui à l’époque. Il s’annonce clairement comme un adversaire cette fois-ci et n’est pas présent en permanence. Enfin libéré de ce stupide binôme qu’il formait avec Philia, notre prêtre favori ne parle plus pour ne rien dire et redevient le personnage mystérieux qu’il était. Même si clairement, il n’est pas encore réellement menaçant et reste encore assimilé, malgré ses dires, aux gentils (son statut ambigu lui permettant de faire la navette), mais ses attitudes sont redevenues cohérentes.
Et avec qui s’est-il allié ? Avec la marquise Gioconda, qui a sous ses ordres une certaine Ozel et un soi-disant Duclis, lui aussi originaire de Taforashia. C’est un ancien serviteur de Pokota et tout deux ont survécus) l’épidémie grâce à un sort de Rezo, qui serait donc encore vivant également. Ce fameux Duclis porte l’armure de Zanaffar qu’il va compléter à la fin de l’épisode grâce à un passage de la Clare Bible fournit par Xellos. Ah et Zuuma est mentionné ! Wouw ! C’est dense… Étrangement dense. Alors qu’il ne s’était quasiment rien passé de vraiment essentiel jusqu’alors. Voila que toute la trame s’emballe et malheureusement le problème vient de la scission artificielle faite dans cette saison.
C’est d’ailleurs un point que nous ne cesserons de constater au fur et à mesure. Le problème est simple : scinder en deux parties à ce point égales a le désavantage de justement obliger à conclure l’histoire Zanaffar pile à l’épisode 13, pas avant et surtout pas après ! La seconde moitié se doit de tenir avec Rezo tout le long. Et faites vous-même la vérification : dans les autres saisons, la moitié passé que symbolise l’épisode 13 ne rime à rien. Dans Slayers c’est un Loner, dans Next nous sommes en plein milieu d’un arc. Forcément, ’on se retrouve avec des passages flottants menés avec plus ou moins de bonheur.
Mais un autre point intéressant c’est que beaucoup d’éléments mythologiques sont basés sur « Slayers » première du nom. Zanaffar, Rezo, la Clare Bible… Tout ça fait partie des choses qui on été établis au tout début de Slayers. Déjà que ces deux saisons partagent beaucoup de similarités techniques, voila que maintenant elles ont également le même background. On commence à dépasser la simple complicité avec le spectateur tant la liaison est forte. Serions-nous en train d’assister à un hommage à la première saison ? C’est ce que nous verrons plus bas.
Partie 4 (épisode 6) :

Nous qui parlions de flottant, voici la meilleure illustration. Cet épisode est la verrue au milieu du visage « Revolution » ! Inutile, mal foutu, tout juste drôle. Le fantôme de Try semble planer sur lui tant il est médiocre.
Bien sur, là encore j’exagère. Car a la différence de « Try », j’admets avoir écorché un sourire ou deux (un sur le second eyecatch… C’est mieux que rien), mais passé ce cap c’est le néant. D’abord parce qu’on démarre sur une poursuite de Pokota, donc on peut légitiment critiquer d’office ce parti-pris étant donné que cette affaire de chat et souris était censée être bouclée. Ils le coursent pour, accrochez vous bien, une histoire de bouffe ! Excuse de quoi les fâcher le temps d’un épisode et passer l’éponge dans le suivant en somme.
Ensuite parce qu’on nous introduit Flan et Zollan comme sidekicks, qui n’auront plus de vraie utilité dès l’épisode suivant (hormis le gag du « boss crépuscule »… Ils ont de la chance). Maintenant pourquoi un chien et un chat ? Eh bien tout cela nous renvoie à la peinture Flamande du… Nan c’est juste con.
Même pas de mauvais sidekick vu qu’ils n’auront jamais vraiment l’occasion de faire leurs preuves. Duclis annonce même clairement qu’ils ne servent qu’à gagner du temps. La franchise des scénaristes est appréciable, mais ça n’excuse pas le résultat pour autant.
Le problème c’est l’histoire. Elle joue sur l’une des plus grosses ficelle scénaristique de Slayers : la rivalité entre clans.
Dans Next ; dans Try ; dans Gorgeous ; dans Special ; dans Great… On commence à connaître la chanson et ce remix 2008 n’a même pas le charme de ses prédécesseurs. Cette fois il y a trois clans au lieu de deux, mais si vous pensez que les auteurs en ont profités pour booster le concept vous vous plantez.
Ce n’est qu’une histoire de rocher géant en forme de boule (prétexte à de nombreuses blagues salaces et de bon gout. En général je ne déteste pas… Mais là c’était vraiment faible) qu’il faut pousser avec des golems. Pourquoi ? Quel rapport ? Rien et rien. Subissez et ne vous plaignez pas.
L’épisode est à la parfaite image de ses personnages : des petits vieux qui se chamaillent. Bah on cesse de les écouter très rapidement.
Partie 5 (épisodes 7 et 8) :

Maintenant nous passons à une section un peu étrange. Pas totalement break, ni franchement mythologique, voila deux épisodes qui cherchent à perfectionner un modèle qui avait été lancé par Try en son temps : le mi-loner. J’admets que l’appellation n’est pas franchement des plus attrayantes, mais faute de mieux on s’en contentera.
Le concept est né durant cette période ou Try enchainait incessamment les épisodes « break », mais en ajoutant quand même ci et là des éléments scénaristiques important ou des événements clefs. A contrario, un « break » n’aura pas d’impact sur l’intrigue future (CF : Lina participant à un concours de tennis).
A l’époque il était difficile de faire le tri tant les épisodes en question n’étaient pas drôles et les événements un peu trop importants pour être balancé entre deux blagues vaseuses. Alors la perspective de tels épisodes ne fait pas forcément plaisir tant il ne correspond pas au schéma qui a fait la qualité de meilleures saisons (bien séparer ses « breaks » de ses épisodes mythologiques).
Eh bien il s’avère que l’idée fonctionne beaucoup mieux ici, grâce à quelques retouches. D’abord le simple fait que l’histoire n’ait pas encore vraiment démarré. Comme tous les enjeux n’ont pas été révélés, il est plus agréable de suivre ce jeu d’énigmes via des petits éléments à droite et à gauche histoire de faire monter un peu le suspens qui il faut le dire, en avait bien besoin. Car jusqu’à présent, si l’esprit Slayers était bien de retour et que cette révolution se suivait sans déplaisir, force est d’admettre que les tenants et aboutissants scénaritistiques nous passaient un peu au dessus de la tête. Seul l’épisode 5 nous avait titillé dans le bon sens, mais en usant trop de cartouches d’un seul coup, faisant complètement retomber l’intérêt à cause d’un épisode suivant mal placé et mal foutu. Ainsi, une petite piqure de rappel dans chaque épisode était la bonne solution. C’est donc l’introduction de Zuuma et le grand retour de Xellos a qui sera déléguée cette tâche.
On commencera donc par parler de Zuuma qui aura ce qu’on peut considérer comme l’une des plus mauvaises introductions d’adversaire de toute la saga. Le mystérieux assassin fait complètement tâche. Mais disséquons cet échec.
Tout d’abord l’épisode en soi est assez loufoque et si il n’est pas le plus drôle, il sait être efficace. Du coup le spectateur n’est pas vraiment dans l’état d’esprit d’accueillir un meurtrier des plus sérieux. Il faudra d’ailleurs attendre plusieurs épisodes pour comprendre qu’il s’agit d’un personnage clef. Pendant (trop) longtemps on n’y verra qu’un homme de main parmi d’autres et qui mourra sans doute dans la partie « Revo » de la saison. Eh bien non ! Ce qui fait qu’avec le recul, on ne comprend pas trop pourquoi il est apparu comme ça, dans un tel épisode de façon si hasardeuse.
Ajoutez à ça comme gros point noir, une mise en scène catastrophique. Imaginez ça : un assassin, au chara-design de ninja (discrétion donc…), se tient bien en visu derrière Lina sur le point d’un bateau en plein jour. Ils auront même le temps de faire les présentations. Pour l’aspect assassin discret, admettez qu’il y avait mieux à faire.
La seule chose qui reste appréciable c’est le combat en lui-même. Même si à force de nous dire que Gourry est incompétent et inutile sans son épée de lumière, on finit par y croire et l’on devient incapable de jauger les capacités du tueur.
Il est clair que Zuuma est apparu trop tôt alors que ce n’était probablement pas nécessaire. Heureusement que le tir est corrigé par la suite, mais cela reste un élément qui fait un peu tâche.

Mais surtout, c’est à l’opposé total que nous allons assister juste ensuite. L’épisode 8 est l’électrochoc qu’il fallait. D’abord parce qu’il est drôle… Très drôle. En fait il s’agit à ce moment de l’épisode le plus drôle de Slayers depuis longtemps (je ne compte pas le tout premier de cette saison. Les épisodes d’ouverture ayant l’avantage de pouvoir raconter absolument n’importe-quoi et de finir en faisant tout péter sans raison). Les autres étaient certes marrant, mais en rien comparable avec ce que nous offre celui-ci. Tout est prétexte à déguiser Weiser quitte à faire dans l’anachronisme éhonté mais totalement assumé. On mitraille de référence ( comme le furyo. Aaaah boss crépuscule) ; de clins d’oeils aux autres saisons (les limaces ; les interrupteurs piégés) et d’absurdité (la capture de Lina rien qu’en prononçant le nom de sa sœur). Tout est là ! Comme au bon vieux temps.
Et surtout, Xellos !
En une seule séquence, notre cher Mazoku va regagner pleinement son statut initial : mystérieux ; ambigu et dangereux. Cela avait déjà été amorcé quelque temps avant mais il manquait le sentiment de crainte. Pour cela, rien de mieux que de le faire affronter Lina et les autres (vous remarquez combien je dis « Lina et les AUTRES » ? Ce n’est pas étonnant). La rixe est expéditive et c’est justement ça qui la rend impressionnante. Pas de pyrotechnie superflue, Xellos est dangereux et la seule façon de le vaincre sera la ruse. D’ailleurs peut-on parler de victoire ? Il s’agit bien ici d’une façon d’éviter un affrontement réel et de gagner du temps.
Nous avons déjà dit que la complicité entre le spectateur et cette saison était plus important qu’à l’accoutumée. Cet épisode en est la preuve, tant l’intérêt de cet affrontement relève plus du plaisir coupable que d’une vraie nécessité dans l’histoire.
Partie 6 (épisodes 9 à 13) :

Après un morcellement des plus épuisant (je parle pour moi là), nous entrons enfin dans la partie la plus conséquente de l’arc « Revo », qui met enfin l’intrigue au premier plan. Mais c’est aussi le renouement flagrant avec la façon qu’a toujours eu Slayers d’introduire sa mythologie. Si cette partie est sur Zanaffar, elle pose les bases de tout ce qui composera la seconde partie : la malédiction de Taforashia (qui n’avait pas encore été complètement expliquée) ; Rezo ; Ozel ; Zuuma ; la jarre d’Hellmaster… tout les pions sont posés à l’avance et permettent de préparer le terrain pour la suite des événements. Le procédé la encore n’est pas neuf mais il renoue avec une tradition qu’avait complètement perdu la série à cause de… vous savez qui.
La seule différence c’est que toute la relation Pokota/Duclis va être bâtie sur un flash-back. Bonne chose ? Plus ou moins étant donné que cela reste quand même une solution de facilité et que la série avait généralement évité ce procédé le plus possible. Mais il faut admettre que tout ça marche assez bien. C’est d’autant plus impressionnant quand on sait que le prince Posel est un personnage original à la série et que Duclis n’avait pas franchement de background dans les romans. Preuve que lorsqu’elle le veut, la série est tout aussi capable de bâtir sa propre mythologie et d’être ingénieuse (en employant par exemple des personnages sous-exploités à l’origine).
La faute de gout reste Posel sous sa forme de Pokota. Car jusqu’à ce fameux flash-back, le personnage est juste ridicule : une peluche qui fait « pouic pouic » quand elle marche et qui passe ton temps à hurler. Alors qu’au final, en plus d’avoir un design humain plus que convenable et parfaitement dans l’esprit, il s’avère qu’il incarne parfaitement (encore plus par la suite) la difficulté d’être souverain lorsqu’on est jeune. Sauf qu’avec sa tronche de porte-clefs et sa cape de Superman… Impossible de prendre le personnage au sérieux. Quand il déclame, quand il s’émeut... ça ne nous touche absolument jamais. Et plus j’y pense plus je trouve ça dommage vu toute les facettes par lesquelles le personnage passe (de la trahison de son confident à celle du prêtre qu’il vénérait). Sincèrement dommage.
Mais pour en revenir au flash-backs, même si c’est une façon de faire très classique (et donc à l’encontre de Slayers) ils arrivent au bon moment et a été une façon pour cet arc de ménager ses effets. La grande force étant qu’ils nous disent des choses qu’on ignorait sur Taforashia et ils bâtissent le background de Duclis et Posel. A la différence de….. « Try » ou par exemple ce bon vieux Valgarv avait un flash-back qui nous montrait pratiquement tout ce qu’il nous avait déjà raconté.
Maintenant arrive le grand moment des duels épiques, avec chacun un adversaire désigné. Et il faut admettre que la nécessité de gagner du temps nous saute sur la poire. Le seul véritable duel est à proprement parler Duclis contre Pokota, mais ils causent plus qu’ils ne se battent.
Reste en second choix Lina contre Zuuma, qui permet de poser doucement les bases du second arc. C’est malin et cela commence à nous racheter le personnage à nos yeux. Mais en dehors de lui ? Bah pas grand-chose.
Le script tente au dernier moment d’offrir un caractère à Giocconda en la décrivant comme une sanguinaire et une épéiste hors-pair, ce qui est intéressant mais qui arrive bien trop tard. Imaginez que Zanglus se soit pointé juste pour la séquence du duel final dans la première saison… Pas franchement excitant. Vous constaterez d’ailleurs que l’affrontement se fait aussi dans une arène. Le choix n’est pas hasardeux.
Pendant ce temps Ozel affronte nos deux randonneurs favoris : Amélia et Zelgadiss. Mais pareil, son background vient à peine d’être établi et ne prendra vraiment sens que dans le second arc. En l’état on comprend à peine pourquoi elle se bat.
Car on a bien commencé à le comprendre que le vilain final de cet arc sera Zanaffar tandis que Rezo sera celui du second (le parfait contraire de la première saison en sommes). De ce fait, il faut quand ménager ses effets. Et c’est là ou la scission a fait beaucoup de mal à la partie Revo.

Et enfin ! Zanaffar apparaît ! Et c’est techniquement la première fois qu’il apparaît dans la série en tant que Zanaffar, cherchant ainsi à corriger un écart commis par « Slayers » en son temps. Noble initiative, d’autant que la bête était finalement un personnage assez peu exploité dans les romans. Le problème c’est qu’elle va apporter une grosse incohérence avec Lina et la bande qui va en parler comme si c’était la première fois qu’ils affrontaient un Zanaffar, ou une sorte de Zanaffar. Certes, ce n’était pas vraiment lui mais Copy Rezo. Il n’empêche que les similarités sont énormes et entendre Zelgadiss dire qu’il a « entendu parler de cette légende », alors qu’ils ont été à Sairaag eux-mêmes c’est un peu gros.
A ce moment là, il ne faut pas oublier l’aspect sociologique de cette saison : il y a un nouveau public à convertir. Et vous n’êtes pas sans savoir que Slayers est entrée dans une grande campagne de dépoussiérage passant par une volonté de rajeunir à un point presque juvénile. De ce fait, même si le fan est le premier concerné par cette nouvelle série, le petit nouveau qui ne connaît pas Zanaffar a le droit à son petit cours, tant pis si ça fait passer l’équipe pour une belle bande d’amnésiques.
La bataille finale peut alors débuter et il n’y a qu’une chose à dire : l’épisode 12 et 13 sont juste des cadeaux pour les fans que les novices ne pourront clairement pas apprécier correctement.
Tout d’abord il y a le choix du lieu ! Pourquoi Sailune plus qu’ailleurs ? Eh bien probablement pour deux choses : tout d’abord parce-que ce lieu a déjà accueilli de nombreuses intrigues et c’est surement celui dans lequel les Slayers sont revenus le plus souvent. Certes il y a également Sairaag, mais la seconde fois était quelque peu particulière. De ce fait, c’est comme revenir chez deux vieux amis. Et d’ailleurs c’est le cas vu que pour la toute première fois, Slayers va s’autoriser des apparitions. On sait très bien qu’en revenant à Sailune nous allons retrouver ce bon vieux prince Phil (qui n’avait alors été que mentionné) et, ô surprise, Sylphiel fera aussi un petit coucou. D’un point de vue intrigue, ça n’était franchement pas nécessaire de les montrer, mais ici particulièrement ça fait plaisir de les revoir. Cela dit, je me permet une correction immédiate : Philionnel est un habitué des caméos, vu qu’il est déjà apparu dans le second arc de « Slayers » sans réel raison, mais également dans « Try » pour ne finalement pas le revoir. Devrions-nous y voir comme une nouvelle tradition instaurée par la série ? Cela reste encore à confirmer.
Ensuite, Sailune est le lieu qui a connu le plus de batailles (Zanglus et Vulmugum, Kanzel et Mazenda), pourtant elle tient toujours debout et Lina ne l’aura jamais détruite. Il est donc presque logique que ce faux-final (nous y reviendrons) s’y passe.
Mais surtout, ce qui importe dans cette bataille, c’est la réhabilitation de Gourry messieurs dames !!! Et une complicité retrouvée avec Lina ! Car pour cette fin d’arc, Gourry aura le droit a son « Epic Manœuvre », on son « Special Move » comme j’aime à le dire avec l’épée de lumière. ENFIN ! Enfin Gourry redevient le guerrier habile qu’il a toujours été ! Bien sur, on pourra se plaindre que ça ne dure pas très longtemps, mais là c’est remettre un peu oublier les fondements de Slayers. Certes Gourry n’a le droit qu’à cinq minutes de gloire dans l’avant-dernier épisode. Mais de base, dans tous les combats, Gourry n’a jamais eu le droit à plus. Il avait son grand duel, son beau geste ou autre, mais jamais ô grand jamais il ne terrassait l’ennemi (je ne parle pas des méchants de seconde zone).
Et même, c’est la première fois qu’il vaincra l’adversaire en binôme avec Lina. Aussi court cela était-ce, la symbolique derrière est très forte : c’est le retour d’une complicité retrouvée entre les deux protagonistes. Nous verrons d’ailleurs clairement dans le second arc que Pokota, qui prenait la place de Gourry, sera désormais laissé au fond de la classe près du radiateur. Et admettons que la première chose à laquelle nous avons pensé en voyant cette épée de lumière factice c’est « Quand Diable il va se décider à la donner à Gourry ?! ».
D’ailleurs, on peut penser que le message est encore plus fort que ça : Gourry va finalement pouvoir détruire Zanaffar, chose qui lui avait été injustement retirée dans la première saison alors qu’il s’agissait tout logiquement de son combat. La bête d’argent, qui fût jadis vaincu par l’épée de Lumière se voyait remplacée par une Bless Blade dont je vous ai déjà dit tout le bien que j’en pense. Voila encore une correction qui est faite par Revo-R. Quinze ans après… Comme quoi il n’est jamais trop tard.

La mise-en-scène est virevoltante, les dialogues tabassent comme au premier jour, et Lina nous gratifie même de plusieurs sorts assez rares (Veesgas Gaia et le Dynast Breath), quant à Zanaffar, quand bien même son look un poil trop inspiré d’un certain studio Gh…li il est finalement un adversaire plus qu’intéressant.
Pourtant au départ, ce n’était pas gagné. En plus d’être une sorte de resucée du second arc de « Slayers » première du nom, Zanaffar montre son museau très tardivement dans l’histoire. Là encore cet aspect est probablement dû au fait que cet arc n’avait finalement pas pour mission première de nous raconter une intrigue complexe, mais plutôt remettre en état toute la mythologie Slayers et faire le lien avec les anciennes saisons.
Mais si Zanaffar fonctionne, c’est grâce à sa personnalité qui dénote un peu des archétypes auxquels nous avions affaire à l’époque. Que ce soit Rezo ; Halcyform ; Garv ; Valgarv ou même Duclis, ils ont tous un point commun : ils se battent pour des raisons personnelles. Que ce soit une vengeance ou pour obtenir quelque chose, les adversaires des Slayers servent leurs intérêts. Nous pourrions penser que Zanaffar aussi. Eh bien c’est vrai : il cherche à surpasser les dieux, mais c’est sur la notion d’individu qu’il faut se pencher. Car il est clairement dit que la bête peut se multiplier, pourtant il en est toujours fait référence comme « la bête ». Même Zanaffar dit « Je » lorsqu’il parle de lui et des autres. Au final il n’existe pas un Zanaffar (même si la série n’en montre qu’un), mais plusieurs qui forment malgré tout une identité unique. Et c’est d’autant plus intéressant quand on sait que le premier à avoir ressuscité Zanaffar dans Slayers (la série) n’est autre que Copy Rezo, un autre être qui n’a pas d’identité personnelle, mais qui pourtant cherche à en avoir une. Non seulement le paradoxe est intéressant, mais cela montre bien que Zanaffar déjà à l’époque se moquait bien de son propre « moi ». Pour lui, qu’il soit seul, fusionné avec une autre entité ou plusieurs… Zanaffar reste Zanaffar.
Sauf qu'au bout du compte, ce final n’est pas vraiment un final. Un peu à l’image d’un « Ruby Eye » ou d’un Kanzel en son temps, on sait que nous n’en somme qu’à la moitié et qu’il est donc impossible que nos héros soient vaincus. D’ailleurs une sorte de décontraction flotte durant tout l’affrontement. Difficile de le décrire si vous ne l’avez pas vu. C’est une façon de faire que « Slayers » est l’une des rare à maîtriser. Mais on sait que nous n’en sommes qu’au début et que la véritable intrigue est à suivre. Tout comme les deux premiers arcs de Next étaient là pour perfectionner le troisième.
Pourtant, tout est clairement fait pour nous faire croire l’inverse. Et là encore, difficile de dire comment s’intégrera ce faux-final lorsque nous visionnerons cette saison complètement. Sera-t-elle un plus ? Ou au contraire un effet d’esbroufe qui n’aura plus sa place ? Pour ma part, j’ai envie de dire que ce ne sera ni l’un ni l’autre. Oui ce duel contre Zanaffar pousse un peu trop la nostalgie sur certains aspects, mais en tant qu’anciens fans c’est un peu ce que nous sommes venus chercher. Après tout, cette complicité qui était essentielle pour aborder ces nouveaux épisodes prend vraiment toute son ampleur à partir de ce moment. Et je pense même que cela décomplexe un peu la série sur son statut de « challenger » se devant de convaincre les novices comme les vétérans de l’univers de Kanzaka. C’est même un peu un doigt d’honneur qui est fait au nouveau fan à ce moment, mais c’est déjà ce que faisait « Slayers » avec l’Heroic Fantasy Japonaise il y a quinze ans. Et c’est quand « Slayers » fait l’inverse de ce qu’on s’attendait qu’elle se sublime.
La seule fausse note sera hélas la conclusion de l’intrigue Pokota/Duclis. Car il est clair que tout ceci est fait à l’arrache et pour la première fois, Slayers Revolution-R semble à la bourre alors que jusqu’à présent elle semblait prendre bien trop son temps. A trop ménager ses effets, et ayant le cul entre deux chaises (c’est une fin d’un point de vue calendrier, mais ce n’est pas du tout la fin de saison) l’histoire se doit vite boucler tous les points sur lesquels elle ne pourra pas revenir. En effet, difficile de nous raconter ce qu’est devenu Duclis au début de la partie Evo-R tant au final on ne s’y intéresse plus du tout après l’affrontement auquel nous avons assisté. Dommage que cela dusse entacher un final jusqu’alors aux petits oignons. Même la plantation d’une graine de Fragoon tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.

Enfin, il faut retenir les dernières images qui renouent définitivement Slayers avec l’esprit d’antan : Lina qui se pose des questions sur la suite de leurs péripéties et un Gourry rétorquant que « Ce qui arrivera, arrivera » avec le sourire. Lina acquiesçant. Tous repartent alors de l’avant, survitaminés, comme au bon vieux temps, en nous promettant de nouvelles aventures très prochainement.
Car Slayers c’est ça : des aventures qui arrivent au fil de l’eau et des personnages qui les acceptent en leur souriant. C’est ce qu’avait perdu « Try », c’est ce que nous a redonné ce premier arc de cette nouvelle saison.
Tâtonnante jusqu’à présent, « Slayers » démontre qu’elle est restée « Slayers » et cela augure de grandes choses pour la suite.

De grande choses pour sûr ! Mais encore faut-il pouvoir y avoir accès.
Car nous ne serions pas Français si Slayers n'était pas maltraité en bon et dû forme, vous en conviendrez. Ainsi, Revolution-R ne déroge pas à la règle des éditeurs guignols avec un qui arrive à frapper plus fort encore que feu Déclic Images en son temps ! Je parle bien évidemment de Black Bones/Box.
Même si je ne porte pas l'ancien éditeur attitré de Slayers dans mon cœur, on ne peut pas reprocher à Déclic d'avoir menti sur leurs intentions. Déclic Images était une maison d'édition d'Anime discount : soit des intégrales pas chers avec la qualité qui va avec. Un peu roublard sur les bords mais pas totalement antipathique, avec au moins le minimum syndical présent dans les coffrets. Et même si l'éditeur n'a pas jugé bon de ressortir en DVD toutes les OAVs et les films en sa possession, on peut convenir qu'il a au moins sortie toutes les saisons dans son intégralité. En tant que fan pur et dur, l'absence des films et OAVs reste dommageable, mais ceux-ci n'étant pas reliés entre eux outre mesure, on peut pardonner qu'un éditeur mourant (et depuis décédé) n'ait pas eu les finances de tout rééditer. Black Bones par contre n'a même pas jugé bon de sortir l'unique saison en sa possession dans son intégralité. Pour Slayers, c'est une première dont on se serait bien passé.
En réalité et malgré une annonce en grande pompe à l'époque, l'éditeur n'a jamais possédé la partie Evolution-R. Seul un accord de principe le liait à cette saison. La crise passant par là, les ayants-droits Japonais ont décidé de gonfler la note et bien sûr -petit éditeur oblige- Black Bones a rapidement jeté l'éponge.
Passe encore que Black Bones ne puisse pas suivre financièrement. Le marché est difficile et même le consommateur lambda peut comprendre qu'un éditeur ne peut pas mettre en péril la pérennité de son entreprise juste pour satisfaire une poignée de fans. Mais une absence totale d'annonce à ce sujet me fait dire qu'il ne s'agissait que d'un éditeur opportuniste. Je ne vous parle même pas des annonces fumeuses auxquelles j'ai également eu le droit : on m'a fait carrément miroiter les OAVs. Et je préfère fermer les yeux sur les discours moralisateurs comme quoi les fans ne sont que des vils pirates alors que je possède Revo-R en toute légalité mais sûrement pas grâce à eux... En clair un éditeur qui clame le discours de la passion mais qui abandonne ses séries en cours de route au moindre pépin et qui n'hésite pas à blâmer le fan sans se remettre en question. Car combien savait que Revolution-R était sorti en France ? Levez la main. Un, deux, trois... Oui, ceux qui l'ont acheté en sommes.
Bref, Black Bones a enterré les chances de découvrir la saison en France, car rare seront les éditeurs qui se risqueront à reprendre une série abandonnée en cours de route. De ce fait je ne peux que vous conseiller les moyens illégaux, ou si vous êtes à l'aise avec l'Anglais de vous jeter sur l'édition Américaine de Funimation. En tous les cas, regardez Slayers Revolution-R dans son intégralité ! Ou vous passerez devant une saison majeure de Slayers.
Retour à la case départ... en plein milieu :
Si je vous répète à chaque fois qu'il faut nommer ces épisodes Revolution-R et non Evolution-R, ce n'est pas pour rien et j'aimerai mettre en lumière un point que je trouve important : Revolution et Evolution-R sont la même saison. Alors je sais. Je l'ai déjà radoté pas mal, sauf que cette fois c'est pour une toute autre raison. Ce qui est important ici ce n'est pas tant le fait que ce soit une seule et même saison mais le fait qu'il aurait pu en être tout autrement. Des séries à 13 épisodes il en existe au Japon et on a déjà vu par le passé qu'une saison de Slayers adaptait en général plusieurs romans, allant même jusqu'à piocher dans les Special à l'occasion. Ce qui veut dire qui si le staff l'avait voulu il aurait pu s'agir de deux parties distinctes avec des arcs séparés et on aurait obtenu deux saisons de 13 épisodes totalement indépendantes avec chacune un début, un milieu et une fin. Et quand on y réfléchit, ce qui relie les deux saisons est une intrigue cousue de fil blanc et totalement inventée pour l'Anime : l'histoire de Taforashia. Néanmoins, une fois cette intrigue introduite -quoiqu'on en pense en termes qualitatif- elle impose une structure générale qui se doit de relier tous les événements des deux saisons. En définitive la solution choisie n'était pas celle de la facilité comme beaucoup l'ont avancé. La facilité c'est par exemple les OAVs. Ici Le projet était complexe car il fallait à la fois conclure la première partie de la saison à l'épisode 13, tout en faisant comme si l'épisode 14 était un premier épisode en même temps qu'un milieu de saison. Cette structure n'a pas faite que de réussites, surtout pour la partie Revo qui en a beaucoup souffert (épisodes breaks parfois insipides; conclusion un peu précipitée...), mais cela a également permis d'excellentes choses à la partie Evo-R comme nous allons le constater.
Pour terminer mon introduction, il faut absolument que les gens gardent en tête que Revolution-R est la même et unique saison mais qu'elle comporte malgré-tout deux actes bien distinct que sont Revo et Evo-R et qui eux même contiennent différents arcs. Un véritable jeu d'équilibriste et un horrible casse-tête Chinois auquel se sont prêtés les auteurs afin d'offrir aux fans une vraie saison 4 de Slayers faisant 26 épisodes tout en se pliant aux exigences du studio qui demandait de produire deux mini saisons à une série dont l'âge d'or semble bien derrière elle. Et même si le résultat est perfectible sur de nombreux points, il faut saluer les intentions car nous aurions pu nous retrouver avec un résultat autrement différent si les deux saisons n'avaient eu aucun rapport entre elles. Il est pour moi fondamental de s'en rappeler durant le visionnage de cette seconde partie.
Maintenant que nous avons bien établi tout ça et que nous savons qu'il s'agit de la même saison avec un traitement particulier du fait que nous sommes censés regarder une hypothétique saison 5, il est temps de nous plonger dans le cœur du sujet : les épisodes.
Partie 0-bis (générique Evolution-R) :

Mais d'abord, penchons nous sur l'opening de cette saison. J'avais dit, plus ou moins à tort, que le générique de la partie Evo-R était moins dans la subtilité que son aîné. D'une façon générale cette observation reste pertinente : on ne peut pas nier que les clins d'œil majeurs aux fans ne sont pas forcément des plus subtils. Dès l'ouverture c'est un véritable défilé des principaux Némésis de Lina auquel nous avons le droit : Garv; Phibrizo; Valgarv... seuls manquant à l'appel, ceux de la Saison 1 et pour cause ! Il s'agit de grands méchants de cette saison. Inutile donc de nous les remettre en mémoire de façon aussi explicite étant-donné que nous sommes censés les côtoyer sous peu. A titre de comparaison, ce serait comme si le LoN apparaissait de façon très clair dans l'opening de "Next".
Quelques clins d'œil un peu plus fins à propos de quoi sera fait l'intrigue sont d'ailleurs disséminés tel le sigle de Gudu dans l'œil de Posel ou encore Rezo sous forme humaine. Mieux vaut être grossier dans le fanservice gratuit et un peu plus subtil avec les éléments vraiment important.
Donc oui, en terme de finesse "Front Breaking est de prime abord inférieur à "Plenty of Grit". Pourtant comme tout autre opening de Slayers il donne le ton général des épisodes à suivre.
Là ou Revolution faisait du charme aux vieux fans tout en essayant d'attirer de nouveaux spectateurs; la partie Evolution-R est beaucoup moins timorée : il s'agit de reconquérir le fan avant tout. Si vous n'avez pas connu Garv ou Valgarv c'est votre affaire, car à l'inverse de Zanaffar personne ne prendra le temps de vous les introduire. Quant à Hellmaster, vous devrez vous contenter d'une phrase sans vraiment plus d'explications sur qui il était. Alors pourquoi les intégrer dans le générique ? Pour le fan, pour montrer tout le chemin parcouru de notre héroïne et toutes ces aventures que nous avons vécu à ses côtés. Pour nous rappeler les grands moments qu'on a vécu en sa compagnie. Et si Gourry la prend par l'épaule pour la ramener dans le présent ce n'est pas anodin. C'est également nous qu'il ramène par la même occasion afin de suivre de nouvelles aventures. Ne pas oublier le passé mais continuer d'avancer serait un peu le leitmotiv de cet opening. Et tant pis pour ceux qui débarquent en cours de route. Un peu comme si les scénaristes avaient senti que l'opération charme de Revo n'avait pas fonctionné, les voila décidés à se concentrer sur les vieux briscards que nous sommes, laissant sur le bas côté les rares petits nouveaux qui avaient voulu tenter l'aventure. Allons-nous nous en plaindre ? C'est une question à double tranchant.
Évidemment le fan aime être flatté et cet opening remplit ce rôle, mais il est toujours dangereux pour une série de regarder un peu trop en permanence dans le rétroviseur. Est-ce que Slayers a franchi cette ligne ?
Au final c'est du goût de chacun. Car en l'état, comme nous allons le constater au cours de ce dossier, cette saison est d'abord pour le fan chevronné avec de nombreux clins d'œil et autres références aux romans . Et c'est de ce statut qu'elle tire sa plus grande force. Sauf que pour le spectateur de base qui découvrirait Slayers il s'agit probablement de la plus mauvaise saison d'introduction. Mais nous aurons le temps d'en reparler au cours de ces lignes, concluons d'abord en ce qui concerne le générique.Non ! Front Breaking n'est pas un générique aussi paresseux qu'il pouvait le laisser paraître au premier visionnage. Certes les allusions sont plus faciles à voir, mais le message qu'il envoie est fort et démontre une fois encore que Slayers ne va pas chercher à se moderniser, bien au contraire. La Révolution à l'envers continue !
Partie 7 (épisodes 14 à 17) :

Nous l'avons dit dès l'introduction de cette partie, la construction narrative de cette saison a été très délicate. Il est donc tout autant délicat de commencer cette première partie qui n'en est pas une et in extenso ce premier épisode qui n'en est pas un. Doit-on oui ou non l'isoler comme un épisode d'ouverture habituel de Slayers ou est-ce qu'il faut l'intégrer à un arc plus long. Jusqu’à présent, seul le premier épisode de Slayers Try était regroupé avec son épisode, mais uniquement parce-que l'ouverture était tellement en diptyque qu'il était difficile de parler du second sans faire allusion au premier. Sans ça, l'épisode 1 de Try était parfaitement dans la tradition des ouvertures de la série et fonctionnait également très bien tout seul, dans la plus pure tradition de la série.
Et c'est également le cas pour cet ouverture d'Evolution-R : l'épisode répond à tous les critères d'un épisode 1 avec son Drag Slave comme point final (cette fois-ci bel et bien administré par notre chère Lina). Donc pourquoi ne pas l'isoler ? On pourrait et il ne serait pas incompréhensible que certains le fassent. Mais comme il fallait trancher, j'ai décidé de traiter cet épisode non pas comme le premier d'Evolution-R mais comme le quatorzième de Revolution-R. Et même si il reprend tous les codes d'un opening (dû à la scission dans la diffusion télévisuelle), il possède quand même aussi des différences qui m'ont fait décider à tort ou à raison de l'intégrer dans un véritable arc de la saison : l'arc de Nama. D'ailleurs il existe beaucoup d'autres épisodes breaks finissant par un Drag Slave dans les saisons ultérieures tel l'épisode 14 (également) de Next et cela n'en fait pas pour autant un season opening. Mais la majeur différence avec un véritable épisode 1 c'est tout simplement qu'il n'introduit pas une nouvelle histoire mais qu'il reprend exactement là ou nous en étions dans l'épisode précédent. Pas de retrouvailles avec les personnages ni de brigands martyrisés ou encore de bataille de nourriture, nous sommes directement au cœur de l'intrigue avec une Lina faisant des recherches dans les bibliothèques de Sailune . Pas vraiment l'entrée en grande pompe d'un premier épisode, pas vrai ? Sans conteste, nous sommes plus proches d'un véritable épisode 14 avec quelques attraits d'un épisode 1 que d'un Opening Season pur et dur. Penchons nous donc plus sur l'arc en tant que tel.
S'il fallait le résumer un peu simplement et méchamment nous pourrions dire qu'il ne sert à rien. C'est le cas ! Car il s'agit surtout de relier une succession d'épisodes breaks plus débridés les uns que les autres dans une certaine cohérence loufoque. A vrai dire, on pourrait presque les voir comme une mini saison hors-série à la manière de Fullmetal Panic et sa saison "Fumoffu", série également originaire de Dragon Magazine (avec sa main Serie et ses Special). Il est bien sûr question de la jarre Hellmaster à certains moment et elle reste le moteur sous-jacent de ces épisodes mais c'est soit fait sans véritable conviction comme l'épisode 15 qui se contente d'une allusion à une récompense qui pourrait potentiellement être la jarre que recherchent nos héros (encore moins crédible que pour les épisodes breaks de Next impliquant la Clare Bible), soit comme les épisodes 16 et 17 qui s'en foutent royalement et qui ne font même pas cet effort. En définitive, la jarre d'Hellmaster est à peine un prétexte tant le véritable intérêt de cette partie se trouve ailleurs.
En effet, pour la première fois dans l'histoire de la série, Naga va faire partie du groupe au côtés d'Amélia et Zelgadiss. Sauf qu'il s'agira de façon détournée afin de ne pas briser la règle qui impose qu'Amélia et Naga ne se rencontrent pas. Ainsi le Serpent Blanc ne sera pas physiquement présente et seras frappée d’amnésie, ce qui en ferait presque un personnage à part entière tout en conservant ses mimiques emblématique. Ce n'est vraiment Naga mais Nama. De par ce tour de passe-passe la règle est respectée tout en permettant des interactions bien connues entre Lina et Naga mais au sein de l'équipe emblématique de la série ce qui est forcément un rafraîchissement bienvenue. Sauf qu'il s'agit d'un rafraîchissement pour le spectateur averti. En effet jamais le nom de Naga n'est énoncé dans cette saison et le rapprochement ne sera jamais fait que par petites touches et indices. En définitive, le néophyte n'aura pas les moyens de savoir de qui il s'agit. Et quand bien même il le saurait, ça ne l'avancerait pas pour comprendre les références qui sont faites durant cet épisodes.
Ce qui nous ramène à cette question légitime : est-ce que Slayers ne va pas trop loin dans la nostalgie et le fanservice à ce stade de la saison ? Nous venons de le voir, la principale raison est de faire plaisir au fan car même si elle est présente dans ces épisodes, elle n'en est pas le vecteur central. Et il est légitime de penser que gaspiller quatre épisodes uniquement pour faire des références et autres clins d'œil n'est pas exactement ce qu'il y a de plus intelligent à faire surtout au beau milieu de la saison. Nous l'avions assez reproché à Try en son temps. Pourtant nous sommes plus enclins à pardonner. Pourquoi ? D'abord parce-que l'intelligence de ces épisodes est de ne justement pas rendre Nama si centrale que ça. Elle fait partie des Slayers, mais à contrario de Philia, elle ne vampirise pas l'attention. Elle fait partie intégrante du groupe et se voit traitée de la même façon. C'était l'un des soucis de Revolution avec Pokota et l'erreur n'aura pas été commise ici. D'ailleurs Pokota aussi sera un tantinet mis à l'écart comme nous le verrons plus tard.
Et si cet arc n'est pas vital pour l'avancée de l'histoire ce n'est pas forcément péjoratif. Certes, on ne peut pas dire que l'histoire avance réellement mais ceci n'est pas nouveau dans les épisodes breaks. Et même si le fait qu'elle soit prisonnière d'une jarre n'est qu'un prétexte pour la rattacher à l'intrigue (vu que d'un point de vue technique elle n'apprend rien de nouveau au spectateur) elle ne focalise pas l'attention sur elle. Par contre sa présence permet d'avoir une sorte de fil conducteur un peu plus solide qu'a l'accoutumée pour ce genre d'épisodes, ce qui est nouveau. Jusqu'à présent, jamais les épisodes breaks n'avaient vraiment essayé d'avoir de cohérence autre que le but principal de la saison. Dans Next on était à la recherche de la Clare Bible et dans Try le but était toujours de tenter d'empêcher la déstruction du monde par Dark Star, mais chaque épisodes étaient indépendants (sauf le double épisode 9 et 10 de Try). Tantôt on jouait au tennis, puis on visitait une tour ou bien on chantait comme une Magical Girl... On était bel et bien dans une partie d'épisodes break, mais parler d'arc était impossible tant rien ne les connectaient.
Ici nous avons des épisodes qui sont à la fois totalement indépendant dans leur fonctionnement, mais qui apportent leurs propres questions : qui est Nama ? Où est sa jarre ? A t'elle vraiment un lien avec l'histoire ? Quant au fan il se demandera si son identité sera réellement établie et si elle fera partie de l'aventure jusqu'au bout ou non. Le personnage apporte son propre lot de questions et de mystères, en marge de l'histoire principale mais pas non plus totalement déconnecté. Ce n'est pas juste une succession de sketchs mais un chapitre cohérent, certes un peu léger mais qui ne cherche pas simplement à gagner du temps en gaspillant des épisodes. L'arc Nama est un arc fanservice et s'intègre dans cette logique que le novice n'appréciera pas. Mais c'est justement tout ce à quoi aspire Revolution-R.

Pour ce qui est des épisodes en soi, c'est un fait : ils sont très indépendants les uns des autres et dans la forme il s'agit d'épisodes breaks très classique. Bien sûr le premier est à caractère introductif étant-donné qu'on nous présente Nama, qu'on nous remémore les événements de Revolution, mais il s'agit bien d'un épisode break : rien n'est accompli, rien n'est résolu, si ce n'est que le cratère de Ruvinagard est un peu plus gros à la fin de l'épisode. En dehors de cela, tout tourne aux petits clins d'œil autours de Naga/Nama et de l'éternelle rivalité avec Lina qui se répète ici alors qu'elles ne se "connaissent pas".
Cet épisode arrive à trouver un tempo intéressant qui n'était pas évident à obtenir. Réussir à donner assez de vitalité à un épisode qui est à la fois en plein milieu de la saison tout en étant l'ouverture de la seconde partie. On alterne alors les séquences d'exposition, remettant d'ailleurs en avant des personnages un peu oubliés comme Zelgadis (et pour cause !) avec des passages plus légers et un duel épique en conclusion. Pourtant c'est bien un épisode break : on repart du même point et à la fin on arrive nulle-part.
Quant aux autres, nous sommes là face à des épisodes breaks solides qui ne feront peut-être pas tous date mais à contrario de ceux de Revo, ne feront sûrement pas office de canard boiteux. La série entretient d'abord sa relation étroite avec l'épouvante et le fantastique dans un épisode qui s'inspire du mythe Irlandais des dullahans, multipliant au passage les clins d'œil à d'autres œuvres voir à d'anciens épisodes bien la peur de Lina pour les poulpes semble en contradiction avec Try. En soi l'épisode 15 se suit sans déplaisir grâce à une écriture futée et un rythme soutenu, mais son aspect un peu trop détaché et son histoire qui n'a avoir avec rien de rien risque de jouer en sa défaveur lors des revisionnages. Comme nous l'avions vu pour l'épisode 4 de Revolution : les gags s'usent et à la fin seule l'histoire reste. Or celle-ci n'offre rien de plus que ce qu'elle nous montre.
C'est justement le piège dans lequel ne tombe pas l'épisode suivant. En se concentrant sur Amélia et Nama, réunissant pour la première fois dans une aventure en binôme les deux sœurs, la série en profite pour approfondir leur relation, nous renseignant au passage un peu plus leur enfance et montrant à quel point le fossé de mentalité entre les deux sœurs est grand. Ce n'est pas grand chose et là encore ça s'adresse au fan, mais pour un épisode break c'est précieux et c'est tellement rare que même si l'humour s'appuie un peu trop sur le comique de gestes et le burlesque (Amélia maladroite dans son armure étant le ressort comique principal), il est intéressant d'avoir de véritables dialogues cherchant à creuser un peu plus les personnages plutôt qu'un simple épisode loufoque. Et l'image d'Amélia enfermée à l'intérieure de sa sœur n'est peut-être pas juste dans le but de nous faire rire.
Et puisqu'on parle de loufoque cela nous amène logiquement à l'épisode 17. Lors du classique épisode des hommes-poissons, Slayers décide tout simplement de se laisser totalement aller en roue libre. Car si les gags s'usent et que seule l'histoire reste, que se passe t'il lorsque le gag est l'histoire? La réponse est cet épisode tout entier. S'assumant totalement dans le registre de l'absurde, il est impossible d'expliquer concrètement ce qui se passe sans se demander soi-même si c'est vraiment ce qu'on vient de voir. Un espèce de trip hallucinogène où il est impossible deviner dans quelle direction va l'histoire et ce même une fois la révélation finale, dont à vrai dire on se fiche quelque peu, est révélée. On peut d'ailleurs se demander si l'on peut vraiment l'intégrer à l'arc Nama et j'admets moi-même ne pas être très sûr que cela ait beaucoup de sens. Mais au final tout ceci est parfaitement à l'image de l'épisode, alors pourquoi pas ?
Surtout que si Nama est Naga, alors ne serions nous pas dans une logique à la Slayers Special ? Plusieurs histoires racontant des aventures loufoques avec des personnages haut en couleur ? Oui c'est définitivement l'Arc Nama, car il assimile parfaitement l'état d'esprit du personnage.
Partie 8 (épisode 18) :

Mais toutes les bonnes choses ont une fin ! Et il est temps de dire adieu à Nama, aussi jouissif fut son passage... et d'accueillir le grand retour de Zuuma, venant remettre la série brutalement sur les rails de l'intrigue. Car on l'aurait presque oublié, mais nos héros sont à la recherche de la jarre d'Hellmaster. Du coup, difficile de classer cet épisode car c'est à la fois la fin d'un personnage et le retour d'un autre. Néanmoins, la tonalité étant totalement différente, il est impossible de l'intégrer à la partie précédente. Quant au départ de Nama, il est aussi anecdotique que possible : un petite tape sur la jarre et elle n'est plus ! Mais on constate également que si l'intrigue reprend ses droits ce n'est que dans les dernières minutes de l'épisode que des événements concrets vont se produire tandis que le cœur de l'épisode n'est qu'une succession de gags et de péripéties. Difficile également dans ces conditions de dire qu'on entame une nouvelle partie. Nous sommes plus dans ce qui semble être un épisode passerelle. Une transition concluant l'arc Nama et entamant l'arc Zuuma/Venzendi. En somme toute, sa construction est très proche de l'épisode 7 de Revo, avec beaucoup d'humour mais aussi avec des événements ayant un réel impact sur la suite à venir. Malheureusement cet épisode n'a pas de boss Crépuscule pour lui venir en aide et il faut admettre que son fonctionnement est bancal. Pendant trop longtemps on ignore s'il s'agit d'un épisode break ou du début de quelque chose. Là ou Weizer essayant de capturer Lina a toujours été un élément récurrent aboutissant à des infos concrètes, ici on ignore s'il va s'agir d'une énième piste erronée de Nama qui n'aboutira nulle-part ou non. A force d'avoir trompé le spectateur, celui-ci s'est laissé porté par les épisodes précédents, en oubliant presque les réelles motivations de nos héros. Ainsi, un peu comme les méchants de Sentaï jurant leur victoire au prochain épisode, on ne croit plus vraiment en Nama pour faire avancer l'histoire. C'est donc comme une suite de sketchs qu'on voit d'abord cet épisode. Sauf qu'ils ne sont pas toujours hilarant, pire encore : on se retrouve à ressasser de vieilles rengaines tels Rézo gentil mais en fait pas tellement, Nama seule piste mais au final pas du tout... etc... Bref, rien de détestable, mais une sale sensation de redite juste bonne à nous faire perdre du temps, et l'idée que tout ceci ne va pas aboutir plane pendant trop longtemps sur cet épisode.
Heureusement la fin sait nous happer : le retour de Xellos et les menaces de Zuuma nous replongent immédiatement dans le bain et l'impatience de voir la suite se fait réellement sentir à nouveau. Non pas que le spectacle était désagréable, bien au contraire. Mais Slayers c'est le mélange détonnant d'humour et d'épique. Or un de ces ingrédients manquait cruellement à l'appel. Donc oui, plus break que mythologique mais lorsqu'il faut être sérieux, cet épisode sait clairement l'être. Il est pourtant difficile de nous sortir de cet état d'esprit comique qui perdurait encore quelques minutes avant. Mais la force de la série a toujours également résidé à savoir redevenir sérieuse au moment opportun. C'était le cas dans Revolution même si parfois avec quelques couacs, c'est ici appliqué à la perfection dans Evolution-R. Et de fait, cet épisode n'est pas non plus un ratage. Il a d'ailleurs l'intelligence de faire disparaître Nama dans le plus pur esprit Slayers : pas d'adieu; pas de drame... celle-ci se vaporise et c'est à peine si le groupe se fait du souci pour elle. Juste le temps de dire qu'elle est probablement indemne et c'est fini.
On ne le redira jamais assez, mais c'est ce qui fait la réussite de cet arc Nama. Elle était le fil rouge qui reliait vaguement ces épisodes à l'intrigue, mais jamais elle n'a supplantée l'histoire. Pourtant avoir Naga dans la série aurait pu être l'occasion de se laisser aller beaucoup plus que ça, la rendant primordiale et pourquoi pas la faire poursuivre l'aventure avec le groupe jusqu’à la fin ? Après-tout on est là pour faire plaisir aux vieux fans non ? Mais non ! Autant il s'agissait là d'un cadeau, mais en aucun cas il n'a amené a des dérives dangereuses. L'utilisation du personnage a toujours été en rapport avec l'histoire et Nama a fait partie de la troupe comme tout autre Slayers, pas plus pas moins. Ainsi comme Zelgadis lors de la saison 1, la série se sépare d'un personnage à peine introduit il y a quelques épisodes à partir du moment ou il ne sert plus l'intrigue. Une décision intelligence alors que la série a souvent pêché de ne pas savoir se séparer de protagonistes en temps voulu. Mais de toute façon, comment un personnage aussi débridé aurait pu s'intégrer correctement dans les épisodes suivants ?
Partie 9 (épisodes 19 à 21) :

Car nous voici dans la partie la plus complexe à aborder mais aussi probablement la plus originale et la plus audacieuse de la saison. Slayers s'est vêtu ici de son noir le plus profond pour nous offrir probablement l'arc le plus sombre de Slayers en Anime à ce jour.
Et cela on le doit entièrement à son Némésis : Zuuma, ennemi de prime abord assez secondaire lors de son apparition dans l'épisode 6 de Revolution et qui va ici regagner toutes ses lettres de noblesse. Car Zuuma est très différent de tous les adversaires affrontés par Lina jusqu'à présent.
Pour la première fois Lina affronte un simple humain. Et par là je n'entend pas uniquement sa condition physique, mais également ses motifs. Rezo était un grand magicien doublé de l'hôte d'une partie de Gudu, qui recherchait à retrouver la vue. Gaarv un seigneur Mazoku déchu qui ne cherchait finalement qu'à survivre. Phibrizzo un autre seigneur Mazoku cherchant à atteindre le but suprême de ceux de sa race... Etc. Rien de tout cela chez Zuuma. Il s'agit d'un homme sans autre pouvoir que ses talents de tueur et qui poursuit un but très simple : la vengeance. Une vengeance qui s'accomplira une fois Lina tuée. Un homme simple aux goûts simples si l'on peut dire !
On pourrait alors faire le rapprochement avec d'autres adversaires. Et le premier nom qui vient alors en tête est Valgarv. Certes l'ancien dragon cherchait à se venger sauf qu'il ne s'agissait pas uniquement de Lina mais de toute une espèce qu'était les dragons d'or. Il était d'ailleurs clairement défini les crimes de chacun et l'on parlait du génocide de tout une espèce. Même s'il y avait une couleur personnelle dans sa vengeance pour s'en prendre à Lina en particulier, elle naissait d'abord d'un crime contre l'humanité. Et à sa disposition l'ex-général en possession de moyens et de pouvoirs colossaux.
Et même si Zuuma n'est plus tout à fait humain à la fin, il n'est en rien non plus comparable en Rezo. Chez ce dernier il y a toujours le doute qui subsiste que ce serait sous l'influence de Gudu qu'il aurait commis ses crimes car Rezo lui même n'était pas au courant du Mazoku qui dormait en lui. Ici c'est sciemment et pour réaliser sa vengeance que Zuuma fait un pacte avec des Mazokus.
Vengeance qui est d'abord née d'une histoire sans aucun rapport avec notre héroïne. Ce n'est que par la circonstance des choses que Lina est mêlée à tout ça.Son lien peut d'ailleurs paraître très léger, en effet Zuuma lui reproche de l'avoir privé de sa vengeance en tuant les assassins de sa femme lors de l'incident de Sairaag. Or ce n'est pas Lina qui a détruit Sairaag mais Copy Rezo. Elle est certes liée à l'incident mais n'en est pas la coupable directe. Mais très malignement, le premier épisode de Revo nous faisait part de ces rumeurs comme quoi Lina aurait détruit Sairaag. On comprend alors que la haine qui nourrit Zuuma l'empêche de chercher à voir plus loin : il lui faut un coupable pour venger sa femme et les détails ne l’intéresse pas. Et quand bien même il serait au courant, Copy Rezo est mort. Tué par Lina. Son nom vient donc immédiatement en second sur la liste des responsables. Ce sont des impulsions très humaines et très différentes des adversaires de Lina jusqu'alors : ses motivations ne sont pas rationnelles et n'ont pas d'envergure aussi grandioses que les Mazokus.

Autre aspect inédit dans Slayers et qui renforce l’ambiguïté et l'originalité du personnage : Zuuma n'est pas quelqu'un qui a tout perdu. A la différence d'Halcyform (arc possédant de nombreuses similitudes avec celui-ci) qui a pactisé avec un Mazoku ou d'un Valgarv qui ne possède plus rien (ni maître ni peuple), Zuuma ou du moins son alter-ego Radok possède une vraie vie. Dès le début le personnage est décrit comme un homme d'affaire à succès, avec une excellente réputation dans sa ville et qui possède une famille à travers son fils sur lequel il doit veiller. Et quand bien même nous n'avons jamais de preuve concrète que Radok possède bien un travail et qu'il ne s'agit pas d'une simple couverture pour cacher sa véritable activité, on peut suspecter qu'afin de ne pas attirer l'attention et vu les racines de sa famille commerçante, c'est probablement plus qu'une mascarade. Zuuma/Radok est donc l'archétype du super-héros qui mène une double vie, sauf qu'il s'agit là d'une vie de criminel. Car bien entendu, Slayers fait toujours tout à l'envers. Ces éléments donnent une dimension fascinante au personnage, car jamais la série n'avait eu à décrire des méchants faisant autre chose que leurs trucs de méchants si l'on peut dire. Et cela nous force encore plus à nous interroger quant au comportement de Radok et à sa soif de vengeance. Au fond de nous, on ne veut pas croire que cela va mal se terminer et que Radok est vraiment le monstre qu'il s'est créé sous les traits de Zuuma. D'une certaine façon, on veut croire à la fin heureuse et à la rédemption du personnage car il subsiste encore le doute que Radok soit plus un antagoniste qu'un véritable méchant comme semble vouloir nous dire la conversation qu'ont Radok et Lina durant l'épisode 20.
Mais nous étions bien naïfs d'espérer, car la soif de vengeance du personnage nous amènera probablement à la conclusion d'arc la plus noire de toute la série. En plus d'être particulièrement violente graphiquement pour le standard Slayers, elle l'est également psychologiquement du simple fait qu'il n'y a pas souvent d'humains tués par des humains dans la série. Certes des brigands meurent en permanence, mais le traitement est généralement cartoonesque. Un meurtre de sang froid n'est pas chose courante. Et ici Zuuma va jusqu'à tuer son propre fils. Si le fait est tout nouveau pour la série, ce n'est pas inédit pour Slayers en général. En effet, Christopher, le frère de Phil, tue également son fils, mais la série n'avait pas osé retranscrire l’événement et il s'agissait de punir la trahison et donc de quelqu'un de moralement condamnable. Ici c'est une mort violente d'un innocent par la main de quelqu'un que les épisodes précédents nous avaient presque rendu empathique. Sans aller jusqu'à l'apprécier, il nous était possible de comprendre son raisonnement et ce qui l'avait amené à être qui il était. Mais ce geste symbolise une rupture. Une rupture violente rendant le spectateur très mal à l'aise, ne comprenant pas pourquoi Zuuma est allé jusque là.
C'est un choix risqué, mais ce qui permet son fonctionnement est le fait que nous n'aurons jamais plus d'explications sur son geste. Avant qu'il puisse ajouter quoique ce soit, Xellos se débarassera de lui pour de bon et également de façon violente. C'est abrupt et à la fois très intelligent de la part de la série car en plus de nous rappeler à quel point Xellos est dangereux elle semble remettre les choses en perspective. Comme si le Mazoku sifflait la fin de la récréation, balayant cette vengeance humaine au final un brin trop personnelle pour lui afin de se concentrer sur quelque chose de plus important : la jarre d'Hellmaster. Cette mort brutale et inattendue renforce l'aura particulière du personnage.
De par tout cela, Zuuma est un adversaire unique. Un véritable humain avec ses forces et ses travers, qui sombre peu à peu dans la folie et qui ne peut plus revenir en arrière même si cela veut dire se perdre totalement. Et au final, toute l'histoire de la jarre semble bien secondaire par rapport aux événements qui se trament durant cette partie de la saison, qui est probablement la meilleure de toute. D'un point de vue général, on pourrait même lui reprocher ce détachement un peu trop flagrant par-rapport à l'histoire principale, mais n'est-ce pas justement ce qu'à toujours fait Slayers ? Emboîter des intrigues au premier abord différentes qui finalement se rejoindront dans un grand final ? Aussi n'oublions pas le caractère « saison pour le fan » de Revolution-R. Zuuma était le dernier personnage du premier arc en romans que la série n'avait jamais osé traiter (sûrement à cause de son caractère très noir n'allant pas avec l'esprit de l'époque), l'erreur est désormais corrigée brillamment ici.
Un arc très sombre et très dense mais qui heureusement n'éclipse pas totalement le reste de la saison, qui possède d'ailleurs des épisodes réservant également leur lot de surprises. Même si parfois ces surprises ne sont pas toujours bienvenue, comme va nous le démontrer l'épisode suivant.
Partie 10 (épisode 22) :

Un peu perdu au milieu de nulle part, voici la seule faute de gout de la partie Evo-R : l’épisode 22. Un épisode break aucunement drolatique et qui n’es rattaché à rien de particulier. Un peu comme l’épisode 6 de Revo, on se retrouve avec une régression au niveau de l’intrigue alors que le suspens atteignait son point d'orgue lors de l'épisode précédent.
Pour le résumer voici ce qui se passe : une fois la jarre en leur possession, les Slayers peuvent parler directement à l’esprit de Rezo. Première nouvelle, c’est possible. Mais il semblerait qu’un séjour prolongé dans la jarre ait rendu le sage quelque peu toqué. Le voici donc à énoncer des prédictions absurdes que les Slayers s’appliqueront à suivre à la lettre pour un résultat forcément médiocre.
Qu’on soit clair : ce n’est pas la pire base que Slayers ait eu pour un épisode break. Au contraire même l’idée n’est pas totalement saugrenue et dans l’ensemble la teneur n’est pas détestable. Certes nous ne sommes pas ici face à un chef d’œuvre d’humour et l’épisode fera partie de ceux qu’on oubliera vite, mais il n’y a là rien de concrètement exécrable. Pourtant cet épisode est autant haïssable que ce fameux épisode 6. Pourquoi ? Tout simplement car il arrive pile au moment ou c’est la dernière chose qu’on veuille voir.
La démarche est pourtant compréhensible : après un épisode 21 aussi intense, le but concret du 22ème est de nous faire décompresser afin de nous préparer doucement pour le final. Cela a pour double effet de ne pas avoir à tomber dans la surenchère en terme de tragédie (ce qui n’aurait pas été une bonne chose) mais aussi de nous permettre de souffler et de retrouver une ambiance un peu plus Slayeresque et plus axé sur les personnages. Oui mais là ou les deux premières saisons concluaient clairement chacun de leurs arcs avant de passer au suivant, ici nous avions une mise en suspens et pleins de questions sur les lèvres. Slayers n’est pas la première série à prendre à contre-pied le spectateur et ne pas répondre à ses attentes immédiatement pour le frustrer, mais le choix d’un épisode humoristique nous parait presque insultant, qui plus est lorsqu’on voit que la saison se gardait un atout tel que l’épisode 23 juste derrière. On peut pourtant considérer cet épisode comme un mal nécessaire. Passer immédiatement à l’épisode 23 aurait paru encore plus hors-sujet et aurait sûrement gâché la surprise (ou du moins on ne l’aurait pas autant savouré). Alors oui cet épisode est défendable dans sa nature voir essentiel dans la structure de la saison. Malheureusement ce n’est qu’un épisode correct calé entre deux qui dégagent chacun une aura autrement plus puissante. Pour mieux passer cet épisode se devait d’être un chef d’œuvre ou ne pas être. Ce n’est pas le cas et notre regard dessus en pâtit indéniablement. Probablement qu’il aurait mieux valu un autre épisode break ou deux afin de vraiment séparer l’arc Zuuma de sa suite et de bien mieux trancher en terme de ton, malheureusement la structure particulière de la saison n’a probablement pas permis une telle chose. De fait cet épisode break isolé subit une mise en perspective erronée et devient insupportable au visionnage. La seule véritable erreur de la saison. Dommage que ce soit à un moment aussi crucial.
Partie 11 (épisode 23) :

Et puis il y a l’épisode 23. Difficile de lui rendre justice correctement tant cet épisode est à la fois incongru et essentiel. Une sorte d’OAV qui pourrait faire office de Zelgadis Gaiden et qui n’a pas grand rapport avec le reste de la saison mais qui pourtant justifierait presque à lui seul le recyclage de Rézo comme adversaire final. La série décide de répondre aux interrogations quant au personnage de Zelgadis ainsi que sa forme de chimère, le tout via de flash-backs nous permettant de retrouver des personnages de la première saison tel Zolf ; Dilgear ou bien même Noonsa. Clairement des visages qu'on n'aurait jamais pensé revoir un jour et surement pas dans cette saison à ce moment. On ne peut être qu'un peu ému de retrouver un Zelgadis entouré de ses anciens compagnons haut en couleur qui n'avaient eu à l'époque qu'un court rôle. A ce moment, Slayers atteint probablement le point de non retour en ce qui concerne la nostalgie, larguant définitivement le néophyte. Mais peu importe ! Certaines séries mettent des seins pour son fanservice, Slayers met des barbus et des poissons qui dansent. La grande classe.
Et au delà du plaisir de recroiser ces visages familiers, Revo-R va plus loin en offrant une nouvelle perspective à la transformation de Zelgadis. On savait que la transformation avait été fait contre sa volonté et de là naissait sa haine envers Rezo. Un prémices un peu simple mais classique et proprement établie pour l’époque et le peu de temps à la disposition de la série. Ici on redistribue un peu les cartes en faisant interagir les deux personnages, montrant qu’il existait une véritable admiration de Zelgadis envers le moine rouge. On nous explique aussi les raisons qui poussent le personnage à vouloir devenir plus fort ce qui n’avait jamais été clairement expliqué jusqu’à présent. On peut d’ailleurs trouver la raison un peu niaise (Zelgadis, le robin des bois de Slayers qui veut nourrir les enfants orphelins), il n’empêche qu’elle permet de donner un véritable objectif au protagoniste plutôt qu'une course à la puissance sans réel but. De cela en découle l’idée que pendant un temps, Zelgadis était résigné à cette apparence, se convaincant que c’est ce qu’il souhaitait et que si ce sacrifice pouvait servir l’homme sage qu’était Rezo cela en valait la peine. En définitive il acceptait de devenir une arme au service d’idéaux. Ce n’est alors que parce qu’il a découvert les ambitions égoïstes du moine rouge qu’il a perdu cet idéal et la foi en celui qu’il considérait comme un modèle. Au-delà donc de son apparence qu’il était prêt à accepter, c’est ce qu’elle symbolise réellement qui le dégoute et qui le pousse à vouloir redevenir normal. Car en l’état, cette apparence le rattachera toujours à Rezo et a sa quête folle pour recouvrer la vue. Tous ces éléments nouveaux approfondissent la psychologie de Zelgadis et permettent d’appréhender la saison 1 d’une nouvelle façon. Pensiez-vous qu'un épisode de 2009 allait vous permettre une relecture d'épisodes datant de 1995 ? Pour l'amoureux de la série que je suis, c'est très précieux
Et ce passé de justicier quelque peu naïf qu’on nous conte nourrit pourtant son binôme actuel. En effet il a toujours été quelque peu comique de voir Zelgadis, mercenaire qui se vend au plus offrant tant que cela sert son but, associé à Amélia amoureuse de la justice. Mais cela rend la relation entre les deux protagonistes un peu plus subtile tant il ne s’agit pas alors juste d’associer deux personnages au caractère complètement opposés afin de créer un décalage rigolo. Au bout du compte, Zelgadis servait la justice bien avant Amélia et de façon beaucoup plus concrète et discrète qu’elle. Serait-ce la naïveté un peu touchante du personnage qui amuserait Zelgadis ? Est-ce que cela lui rappellerait ce qu’il était lui-même à l’époque ? On ne peut que spéculer, mais on peut désormais s’amuser à y voir beaucoup de choses, bien plus qu'auparavant.
Encore une fois et plus que jamais ici, Revo-R ne vise ici que le fan de la première heure, vu qu’il faut forcément avoir connu la saison 1 pour apprécier cet épisode. N’allons pas non plus jusqu'à dire que sans cela on ne peut pas comprendre les enjeux, mais l’impact n’est pas le même si l’on n’a pas suivi l’histoire de ce personnage depuis le début. Car c’est tout bonnement 14 ans qu’il aura fallu à la série pour offrir une réponse claire quant à l’avenir chimérique de Zelgadis. Intrigue qui est régulièrement mise au second plan car c’est habituellement la carotte malsaine des scénaristes de Japanimation (et en fait de toutes les séries du monde) : l’intrigue à laquelle on ne répond jamais vraiment mais dont on distille de petites informations de temps à autre pour nous faire miroiter une conclusion possible. Eh bien finalement, Slayers Revolution-R aura fini par y répondre de façon définitive ! Zelgadis ne retrouvera pas forme humaine. Bien entendu, il est toujours possible pour la série de trouver une pirouette scénaristique afin de relancer l’intrigue si le besoin s’en fait sentir. Donc d'une certaine façon, ça vaut ce que ça vaut. Mais au cas où Slayers n’aurait plus l’occasion de revenir sur nos écrans, on peut considérer cette partie de l'histoire comme conclue. Et ça c’est un beau cadeau que nous fait cet épisode. Ce ne sont pas toutes les séries qui osent ce genre de décision. Même Kanzaka, le papa de Slayers, n'a pas osé être aussi définitif à propos de ce personnage. Quoique allez savoir s'il n'a pas inspiré tout ça ?
Mais le plus important, c'est que cet épisode à lui tout seul justifie la présence de Zelgadis dans le groupe. Rien que ça permet à cet épisode d'être indispensable.
Partie 12 (épisodes 24 à 26) :

Et c'est alors que tous nos regards se tournent vers le final ! Oublions définitivement le novice qui a sûrement abandonné son visionnage de la saison il y a plusieurs épisodes de ça ! Parti aussi le spectateur qui avait simplement vu la série une fois à l'époque et qui n'a vu dans ce revival qu'une franchise coincé dans les années 90 ! Nous sommes désormais entre fans et la question qui nous brûle les lèvres est celle-ci : que peut bien apporter ce dernier arc désormais ? Toute la force de Revolution-R aura été de corriger les erreurs et les absences des saisons précédentes. Mais après un arc aussi dramatique comme Zuuma et un épisode spécial sur Zelgadis aussi intense, que peut bien apporter cette dernière partie de plus ? Oui cette 4ème saison reprend le schéma de plusieurs arcs amenant à un grand final qui relierait tout, mais en étant malheureusement un peu honnête, il est clair que l'intrigue Taforashia est la plus faible présentée jusqu'alors. Peut-être même de toute la série Slayers. Oui oui ! Plus faible que Try ! Les enjeux sont pauvres (sauver un peuple dont personne n'a entendu parler jusqu'alors), le boss final a déjà été dévoilé (Rezo et donc par extension, Shabrani Gudu) Et l'on a du mal a avoir de l'empathie pour le personnage de Posel qui a jusqu'alors plus paru comme une nuisance que comme un véritable ajout. Alors comment faire pour conclure en beauté cette saison qui semble déjà avoir tout donné ? Très simple : en offrant le final de Slayers le plus explosif jamais fait.
Oui cette dernière partie a ses errances scénaristiques et un grand morceau de la fin dégouline de bon sentiment et de niaiserie avec le bon peuple de Taforashia qui est sauvé de sa maladie incurable à travers une séquence-montage nunuche. Très franchement, il est impossible de se sentir touché par ce royaume dont on ne sait presque rien et dont l'épidémie a été traité avec beaucoup trop de légèreté. Sur cet aspect, Slayers Revolution-R aura failli du début à la fin, ne sachant jamais intéresser le spectateur sur son fil rouge. Mais lorsqu'il s'agit de frapper fort et de nous sortir le grand jeu, c'est une réussite totale. Oui nous connaissions déjà le boss final, mais jusqu'alors, quel avait été le plus grand ratage de la série Slayers si ce n'est son combat contre Gudu ? Try ? Mais Try n'adaptait rien et avait quand même une volonté d'être épique. Parfois trop mais quand Dark Star est apparu... On peut avoir pleins de choses à redire, mais ce n'est pas moins que la planète entière qui était en péril. Shabrani Gudu a fait moins de dégâts que la déforestation en Amazonie.
C'est un point qui avait été souligné dès le premier dossier : le combat contre Shabrani Gudu avait l'air d'une « petite rixe dans les bois ». Certes, le second visionnage permettait d'avoir un œil nouveau sur l'affrontement (avec les dangers du Giga Slave), mais le seigneur des Mazokus était affreusement designé et le combat sans aucune tension. Eh bien Slayers Revolution-R corrige le tir et nous offre le combat que l'on avait toujours espéré voir dans Slayers : un affrontement Dantesque contre une force infernale. Tellement basique mais tellement jouissif. Et on peut le dire sans crainte, mais jamais Slayers n'aura été aussi impressionnant visuellement. Même les films n'ont pas réussi à nous offrir avec tel brio un final à ce point épique et si vous ne ressentez pas un petit frisson de bonheur lorsque l'opening de Next se met à résonner... vous êtes un bien drôle de fan.
Cette satisfaction se fait donc uniquement sur le dernier épisode, là ou le reste de l'arc patauge à conclure une intrigue un brin fadasse avec ses personnages secondaires dont on avait quelque peu oublié l'existence et qui retourneront vite dans l'oubli (la fin d'Ozel est un chef d’œuvre de désaveu de la série elle-même). Mais peut importe ! Le final est au rendez-vous et nous permettra de quitter nos Slayers, avec ce qui était probablement la dernière saison télévisée, sur une note plus positive et plus enthousiaste qu'à l'époque de Try. Tout ce qu'est Slayers se trouve dans ces 20 dernières minutes qui sont sans doute les plus intenses en terme d'action jamais animée dans l'histoire de la série.
Probablement même que ce final surpasse celui de Next tant il digère l'Histoire de la série. Rien que ça, ce n'est pas rien.
Conclusion :

Et si Slayers Revolution-R était l'une des meilleures saisons animée de Slayers ? S'il est courant de dire que Slayers Next est la meilleure saison à ce jour de part sa structure et son équilibre, ou tout simplement pour son histoire exceptionnelle, quand il s'agit d'élire la deuxième meilleure les avis divergent beaucoup plus. Peut-être que Slayers Revolution-R est celle qui permettra de trancher. Probablement que la plupart des gens ne seront pas de cet avis et lui préféreront le Slayers original car il avait le mérite de poser les bases de l'univers. Les autres jugeront « Try » plus méritant pour avoir tenté quelque chose de réellement nouveau plutôt que de s'appuyer sur ses acquis et recycler encore et encore les mêmes adversaires. On peut évidemment reprocher à Revolution-R de ne pas beaucoup innover par rapport aux précédentes saisons et il est effectivement nécessaire d'avoir vu (lu?) tout Slayers pour profiter pleinement de tous les clins d’œil et autres hommages qui la parsème. Mais n'est-ce pas ce que l'on recherche en tant que fan ? Une première saison se doit de poser les bases, mais il s'agit ici de la quatrième et il est naturel qu'elle se serve de la richesse de l'univers et d'en quelque sorte remercier le spectateur de l'accompagner depuis si longtemps. Il est facile de faire table rase du passé pour faire ensuite n'importe-quoi. Et quand on est la première, il n'y a pas de modèle de comparaison donc au final le risque n'est pas le même. Mais exploiter un univers connu et savoir employer ses richesses subtilement tout en corrigeant les erreurs du passé... ça demande peut-être bien plus de talent et de finesse que le reste.
Je n'acte pas que Slayers Revolution-R est la deuxième meilleure saison. Que ce soit Slayers original ou même Try, chacunes ont leurs qualités propres qui peuvent nous les faire préférer plutôt que cette saison aux airs de trip nostalgique. Mais même si dans une vingtaine d'année on oubliera que Slayers Revolution-R était sortie séparément, il est important aujourd'hui de se rappeler du contexte dans lequel nous avons découvert cette nouvelle saison.
Slayers devait se racheter auprès du spectateur en retrouvant son identité qu'elle avait perdu à l'époque. C'est ce que fait Revolution-R, en faisant du rétro plutôt que du nouveau. En corrigeant plutôt qu'en inventant. C'est la révolution à l'envers de Slayers ! Ignorant tout ce qui s'est fait en animation entre temps et en offrant un spectacle tout droit sorti des années 90. Se retrouver soi-même et retrouver les fans. Car Lina n'a jamais fait comme les autres et c'est pour cela qu'on aime Slayers. Se retrouver avant de peut-être, si elle en a la chance, avancer. Ce ne sera probablement pas le cas malheureusement, mais sur une touche personnelle je suis heureux que cette saison existe car elle offre un adieu plus propre que ce ne fut le cas à l'époque. La dernière image est très symbolique car avant Try, la série se concluait toujours sur une touche optimiste, montrant Lina repartant de plus belle vers l'aventure avec un grand sourire. Seule la saison précédente avait changé cette tradition en la faisant tourner le dos au spectateur. Anodin sur le moment, cela laissait un gout amer quand il semblait clair qu'il s'agissait de la dernière saison. Revolution-R efface cela en nous offrant une image qui correspond mieux à Slayers.
L'avenir quant à lui semble morose. Au moment ou j'écris ces lignes, tout porte à croire que Lina ne reviendra pas pour une cinquième saison. Saison pourtant fantasmé par le fan. Maintenant que Revolution-R a épuisé tout le premier arc des romans, il est logique de penser qu'une nouvelle saison permettrait de passer à la suite tant espérée. Malheureusement tout ceci semble bien compromis. Mais tant pis ! Car en l'état actuel des choses, Slayers dispose d'une fin satisfaisante.
Car s'il faut retenir quelque chose de cette saison c'est bien ça. Alors Slayers Revolution-R semblait un peu sorti de nulle-part. Cette saison s'est transformé peu à peu en voyage dans le passé, un OVNI dans la saga animée qui est peut-être passé sans avoir été détecté par la plupart des gens, mais qui au fil du temps a su développer une vraie complexité et créer un véritable intérêt. Jamais Slayers n'aura été aussi frileux et jamais Slayers n'aura été aussi audacieux. C'est là tout le paradoxe de Revolution-R, mais si vous arrivez à le saisir, vous profiterez alors d'une expérience unique qui aura su apporter sa pierre au mythe et qui peut sans rougir rejoindre la saga Slayers.
Ainsi s'achève notre tour d'horizon de l'Anime Slayers. Merci à tous ceux qui auront lu ce dossier jusqu'au bout. Et comme je n'aime pas les adieux, je conclurai comme le disait si bien Megumi Hayashibara : "Owari wa shinai".
Pour toujours, Slayers.

Shakka