Tout savoir sur Slayers les films

1) Faire un point
Slayers les films… Voila quelque chose qui pourrait paraître anodin dit comme ça, pourtant ce n’est pas quelque chose de si facile à aborder chez nous… Un peu comme les OAVs*.
D’abord parce-que le traitement qui leur ont été réservé fut assez catastrophique dans notre belle contrée. Si à l’époque on avait eu le droit au premier volet en VHS, aujourd’hui on oscille tantôt entre l’objet banalisé et la pièce de collection. Car en France si vous voulez les voir ces fameux films, il vous faut acheter les coffrets DVD de la série. Un film par saison ! Merveilleuse idée de l’éditeur Declic Images afin de justifier une édition collector des plus douteuses.
Un film en bonus de la série ? Où a-t-on vu ça ? Réduits au simple rang de bouche-trous il est impossible de se procurer ces longs-métrages sans acheter ces damnés coffrets. Formidable idée privant ainsi tous les petites bourses ayant déjà acheté les éditions simples de cet autre aspect de Slayers.
Et en plus de cela, il y a une erreur de calcul ! Trois saisons pour cinq films ? Où sont passés les deux autres ? Eh bien ils ont disparus ! Évaporés ! Slayers Gorgeous reste d’ailleurs inédit chez nous alors que Declic en possède également les droits. Quant à Premium n'en parlons pas ! Aucun éditeur ne s'est encore penché sur son cas.
Un coffret fût mainte fois annoncé mais très franchement, qui va acheter un coffret de cinq films alors qu’il en possède déjà trois ?
J’en viens à mon point : connaissez-vous vraiment les films de Slayers ? Les avez-vous vus pour autre chose que de simples bonus voir -pas forcément mieux- comme cinq OAVs supplémentaires ?
Dans ce dossier nous allons essayer de remettre les choses à plat, afin de regarder ces cinq métrages pour ce qu’ils sont : des œuvres Cinématographiques qui ont été diffusés dans des salles obscures (Slayers au ciné… dur à imaginer nan ?). De ce fait, il faut oublier les critères sur lesquels nous nous basons habituellement. Nous devons les voir pour ce qu’ils sont : des films !
*Je sais qu'il est de bon ton désormais de dire OVA, mais comme je ne vois pas d'où vient cette lubie, je continuerai à dire OAV.
2) Chronologie…Mythologie… aux orties ?!
Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Que comme un film se doit d’être indépendant de son matériel d’origine (sauf s’il y fait suite directe, mais c’est très rare et généralement c’est calamiteux), il doit réintroduire les personnages, il doit reposer le décor et paradoxalement… Il ne peut pas ajouter grand-chose. Car dans le cas de Slayers, nous constaterons que les ajouts mythologiques sont d’une pingrerie rarement atteinte. Les histoires fonctionnent toute indépendamment de la série et n’ont pas de rapports entre elles. Cela ne les empêchent pas d’avoir un style bien commun, hormis pour le cinquième qui est une sorte de mouton noir.
Cela peut paraître frustrant vu que les aventures se passent presque toute avant le duo Lina/Gourry et donc propice à des découvertes, mais nous n’apprendrons pas grand-chose. Aucun élément crucial ne sera ajouté tout comme il n’y a aucune allusion trop pointu sur des événements futurs. Il ne faut par contre pas confondre avec les clins-d'oeils fort nombreux à la mythologie mais qui n'ont rien à voir avec une véritable exploitation de celle-ci. Décevant donc pour le fan mais essentiel pour le spectateur : vous pouvez montrer ces films à un novice de Slayers, il n’aura aucun problème à les comprendre. Et dans un sens, c’était très important.
Notre attention se doit alors d’être portée sur autre chose. Outre l’histoire, la réalisation ; la mise-en-scène ; la bande originale deviennent centraux quant à la qualité de l’œuvre. Le récit devient presque secondaire et c’est la façon dont il nous sera raconté qui sera crucial, plus que le propos en lui-même.
3) Remise dans le contexte.
Vous savez maintenant quelle est, à mon sens, la meilleure façon d’aborder ces films.
Mais maintenant revenons à quelque chose de plus concret.
Slayers au cinéma est souvent amalgamé avec Slayers en OAV. Le fait est qu’ils traitent la même période, partagent la même équipe technique (différente de la série TV), donc la même patte visuelle et une bande-son très similaire ne sont pas des facteurs anodins. Le style diffère tellement de la série qu’on pourrait presque y voir une sorte de version alternative. Certes les événements se passent avant, mais le traitement les rendent vraiment à part au point qu’il ne serait pas étonnant que certains les préfèrent au style télévisuel.
C’est un choix audacieux que s’est offert Slayers ! Beaucoup se seraient contentés d’adapter les aventures de leurs héros au Cinéma sans remettre en question ce qui a été établi par la petite lucarne. Ici, les auteurs vont même plus loin en proposant un autre duo que celui popularisé par la mouture télévisée ! … hormis le cinquième film, mais nous y reviendrons le moment voulu.
Bref ! C’est effectivement très proche des OAVs, mais la durée est bien plus conséquente (sauf le… vous avez compris), et le budget largement revu à la hausse. Maintenant ne faisant qu’une heure au mieux, ces films faisaient forcément partie d’une programmation. En effet, il est très courant au Japon que les films de Japanime de ce calibre soient en fait des compilations de deux ou trois films projetés en même temps (la très célèbre «Toei Anime Fair » par exemple). Je n’ai pas moyen de le confirmer pour tous, mais il est par exemple certain que « Slayers Great » était accompagné d'un film « Tenchi Muyo ».
Réglé comme une horloge, les aventures de Lina au cinéma sortaient au rythme de une par ans, accompagnant les saisons télévisuelles. Le duo qu’elle y forme avec Naga se permettra même de vivre une année supplémentaire en paraissant dans un quatrième et ultime métrage en 1998, soit une année après la conclusion de Slayers Try.
Et puis comme pour la télé, Slayers disparu des salles obscures. Jusqu’en 2001 ou Lina reviendra une nouvelle fois dans ce fameux cinquième métrage que nous aborderons plus bas. Pourquoi fameux ? Car il a tout revu : nouvelle équipe, nouvelle durée et surtout… changement de duo. Pour le meilleur ou pour le pire ? Ça nous en parlerons le moment voulu. Mais le fait est qu’il est du coup très à part dans l’esprit du fan.
Maintenant ! Nous sommes parés pour traiter chaque films comme il se doit! Alors installez-vous confortablement, car ces cinq films sont bien l’équivalent d’une saison de 26 épisodes ! Eh oui ! Ça risque d’être long !

Titre : Slayers-Slayers the Movie-Slayers Perfect
Durée : 65mn
Studio : JC Staff
Distributeur : Toei Animation
Sortie : 29 Juillet 1995
Staff:
Histoire: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation : Kazuo Yamazaki (Please save my Earth), Hiroshi Watanabe (Star Ocean, Video Girl)
Scénario : Kazuo Yamazaki
Chara-design : Takahiro Yoshimatsu (Trigun, Ninja Scroll)
Décors : Hiroshi Kato (Gunbuster 2; Gurren Lagann)
Compositeur : Takayuki Hattori (GTO; Sister Princess)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara
Naga le Serpent : Maria kawamura (Gunbuster; Mobile Suit SD Gundam, Evangelion)
Rowdy : Osamu Saka (Ghost in the Shell; Patablor; Kamen Raider)
Rowdy jeune : Minami Takayma (Detective Conan, Macross Zero, Ranma1/2)
Joyrock : Tesshô Genda (City Hunter; Cowboy Bebop, Escaflowne)
Lagos : Norio Wakamoto (Appleseed; Tenchy Muyo; Kiddy Grade)
Ending:
Titre: « Midnight Blue »
Interprète : Megumi Hayashibara
Paroles: Satomi Arimori
Compositeur : Hidetoshi Satou

Critique :
Originalement nommé « gekijoban sureiyazu» dans sa langue d’origine, soit « Slayers version film » dans un laid Français, Slayers a ensuite été rebaptisé « The Movie » aux Etats-Unis. Aujourd’hui beaucoup de fans s’y référent en tant que « Slayers Perfect ». C’est cette dernière appellation qui est à privilégier. Pourquoi ? Simplement parce-que « Slayers » tout simple ne se réfère à rien de précis, quant à « Slayers the Movie » ça n’a pas de sens tant on a l’impression qu’il n’y a qu’un film Slayers. « Perfect » permet une reconnaissance simple et s’inscrit dans le style des titres qu’ont les autre films (et OAVs).
Maintenant reste à savoir si le métrage est à la hauteur de son titre.
Par ou commencer avec ce film ? L’histoire je dirai ! Et je vais commencer par le background car je vous vois venir : « Honte ! Scandale ! Mensonge ! Calomnie ! Tu avais dit que les films n’apportaient rien en mythologie ! Or c’est faux !!! ». Effectivement, de prime-abord Slayers Perfect n’est pas pingre en informations. On y rencontre la descendance de Gourry et l’on découvre la jeunesse de Lina. Mais je pense que devant toutes ces « informations capitales » il nous doit de prendre du recul.
En ce qui concerne la généalogie de Gourry, il faut savoir que ces éléments sont très contestés par l’auteur lui-même. En effet le film nous apprend que Gourry aurait dans sa descendance une lignée Elfique. Il ne manque plus que la lignée royale et Gourry devient Aragorn ! Or Hajime Kanzaka est revenu sur ce point, pour des raisons discutables certes mais ça reste un fait important.
Sauf que comme vous le savez, je suis un grand partisan du « A chaque support sa Mythologie ! ». Et si l’on considère que les films appartiennent plutôt à la série, alors on peut quand même considérer que ces informations sont pertinentes. Eh bien même dans ce cas il faut remettre ça en perspective. En dehors de cette information, qui ne nous éclaire pas plus sur le personnage, nous n’apprenons rien. Rody n’est pas celui qui a vaincu Zanaffar, donc quoi ? On ne sait pas comment l’épée de lumière est arrivée dans la famille et il n'y a pas d'éléments nouveaux sur des points qui nous intéressent vraiment (les frères de Gourry par exemple) ! C’est un élément de curiosité, rien de plus. Je pourrai même dire qu’il s’agit d’un lien créé artificiellement par le film pour donner plus de couleur à l'histoire et lui donner plus de valeur qu'elle n'en a vraiment.
Il en est de même pour Lina et son village natal ! On ne peut rien y voir d’autre qu’un sympathique clin-d’œil et l’occasion d’un bon gag. Zephilia est réputé pour ses vendanges… ce n’est pas ce que j’appelle un élément central. Il y avait bien d’autres choses qu’on aurait aimé savoir sur la jeunesse de l’héroïne autrement plus intéressante que ça. Cela ne retire rien au plaisir de la scène, mais je pense qu’on lui apporte un peu trop de crédit –à tel point qu’on croirait que c’est la seule scène dont se rappelle les gens- pour ce qu’elle est réellement.
Certes, ces références sont plus clinquantes par rapport aux autres films mais elles ne sont pas plus importantes, loin s’en faut.

Maintenant est-ce que ça pénalise l’histoire du film ? Pas le moins du monde. Et vu que nous rentrons dans le cœur du sujet autant répondre immédiatement à cette question : ce premier film Slayers n’a de Perfect que le nom (oui, j’étais impatient de pouvoir la cracher cette formule toute faite archi vue et revue). La faute à ce qui pourrait être sa principale qualité : un réçit ambitieux. L’histoire prend son temps pour se lancer, elle nous fait voyager, nous présente les personnages uns à uns avec beaucoup de soin et la véritable intrigue ne se dévoile complètement qu’à la moitié du film. Tout ceci est fort bien, sauf que, paradoxalement alors qu’il s’agit du film « Slayers » le plus long, le métrage est trop court pour se le permettre.
Une heure c’est peu ce qui fait que comme pris au piège, le dénouement se fait dans la précipitation la plus totale. J’en prends pour exemple cette séquence ou le sage Rody raconte son histoire à Lina et Naga et leur exprime sa volonté de changer le passé. Séquence suivante voila nos compagnons qui affrontent Joyrock, le mazoku du film, et ses sbires avant de se téléporter dans le passé. Hein ? De quoi ? Où ? Comment ? La brutalité avec laquelle cette transition est faite, ainsi que tout le passage dans le passé qui n’est pas l’apothéose qu’elle aurait dû être, gâche complètement tout le travail accompli jusqu’à présent.
Il est clair que « slayers Perfect » est bâtit comme un film d’une heure et demi au bas mot, sauf qu’il n’en fait qu’une et les ambitions louables se retournent contre l’œuvre elle-même la rendant très bancale. D’ailleurs à ce moment on se met à regretter toutes ces séquences annexes qui ont bouffé un temps monstrueux et qui auraient pu être employés plus intelligemment. La séquence des sources chaudes par exemple, ou bien l’affrontement au port qui, si elles sont amusantes, auraient très bien pu être réduites, voir supprimées. A vouloir être trop ambitieux, « Slayers Perfect » oublie de traiter ce qui est vraiment important et échoue dans son rôle de nous raconter une histoire épique.

Le résultat est un déséquilibre surprenant par rapport à d’habitude : alors que la saga a toujours réussi à brillamment voltiger entre l’humour et le tragique, c’est ici la comédie qui prend le pas sur tout le reste. Et malgré des efforts évidents pour apporter une certaine noirceur au récit avec le massacre de tout un village ainsi qu’un Némésis des plus sadique (mais au design discutable), on n’est jamais vraiment touché par la dramaturgie qu’est censée se dégager tant elle arrive trop tard. Dommage, car le « merci » du vieux Rody à Lina aurait pu avoir un impact émotionnel très fort, si seulement le spectateur n’avait pas été perdu en route.
Cela ne l’empêche pas d’avoir de multiples atouts qui en font un spectacle de qualité.
La réalisation est efficace et techniquement le film est beau, très beau même encore pour aujourd’hui. Il s’agit très probablement du plus beau film Slayers à ce jour ! C’est fluide, les décors sont visuellement magnifiques et les sorts spectaculaires ! Visuellement cette version grand écran de Lina Inverse fait plaisir à voir.
Cette réussite technique est même audible, grâce à des thèmes orchestraux vraiment superbes et qui donne sans souci ce souffle épique et la grandeur filmique qu'on pouvait attendre. Bien sûr un film peut être beau mais chiant, sauf que même si la trame principale n’est pas aussi bien menée qu’elle aurait pu l’être, l’ensemble reste divertissant grâce à un humour ravageur et omniprésent dont ont doit cette brillante réussite au duo Lina/Naga. Le tout est agrémenté de séquences d’action dynamiques et qui permettent de fermer les yeux sur les anicroches scénaristique.

« Slayers Perfect » avait toutes les cartes en main pour l’être, mais handicapé par sa trop courte durée, le film n’est jamais rien de plus qu’un plaisant divertissement dont il nous reste toujours ce triste sentiment d’inachevé. Et c’est bien dommage car il est le seul des cinq films à avoir pris autant de risques durant sa trop petite heure. Au lieu d’ouvrir une voie pour des aventures ambitieuses, le résultat sera un recul de la part du réalisateur qui va alors opter pour des films à la mécanique parfaitement rodée, mais sans aucune volonté autre que de divertir.
Mais ça, nous n’allons pas tarder à le constater.

Titre : Slayers Return
Durée : 60mn
Studio : JC Staff
Distributeur : Toei Animation
Sortie : 3 Aout 1996
Staff:
Histoire: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation : Kuinihiko Yuyama, Hiroshi Watanabe (Star Ocean, Video Girl)
Scénario : Hajime Kanzaka
Chara-design : Takahiro Yoshimatsu (Trigun, Ninja Scroll)
Décors : Hiroshi Kato (Gunbuster 2; Gurren Lagann)
Compositeur : Takayuki Hattori (GTO; Sister Princess)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara
Naga le Serpent : Maria kawamura (Gunbuster; Mobile Suit SD Gundam, Evangelion)
Selena Biatz : Akiko Hiramatsu (Bubblegum Crisis; Hack/Sign)
Père de Selena : Akio Ohtsuka (Saint Seiya Hadès; Slayers Revolution)
Zahhard : Kazuki Yao (Bastard !!; Initial D; One Piece)
Galev : Kenji Utsumi (Angel Links; Docteur Slup; Dragon Quest)
Ending:
Titre: « Just be conscious »
Interprète : Megumi Hayashibara
Paroles: Satomi Arimori
Compositeur : Karkland Happy

Critique :
Deuxième opus Slayers sur grand écran et probablement celui qui sera le plus fondateur du style « Slayers au cinéma ». Après avoir tenté de respecter l’alchimie particulière des romans et de la série en proposant une aventure à la fois drôle, tragique et épique « Slayers Return » change la donne en proposant une histoire avant-tout propice à l’humour et aux gags les plus délirants.
Pourtant au départ, le réalisateur se permet de poser un décor assez sombre avec des villageois asservi par un puissant sorcier afin de déterrer un artefact magique scellé par les elfes durant la Kouma War. Mais cette introduction ne sera jamais développé, au contraire ! Plus on avance dans le film, moins ces éléments n’ont d’importance jusqu’à finir dans le burlesque total. Ça pourrait être un handicap mais heureusement il n’en est rien.
Car oui, si « Slayers Return » délaisse complètement la face sombre de l’œuvre c’est pour mieux transcender cet autre atout majeur qu’est l’humour. Entre le sorcier Galev et son acolyte inefficace jusqu’à la créature magique, aucun personnage n’est épargné dans le ridicule. Les gags sont multipliés sans économie et lorsque l’on pense par deux fois que le récit va s'essouffler faute d'avoir un fil rouge très épais, de nouveaux éléments permettent de relancer la fête (les mercenaires et la créature finale). Bref, beaucoup d’astuces pour cacher un scénario rachitique, alors qu’il aurait pu être développé de bien d’autres manières, mais qui permettent de tenir la longueur, ce que n’avait finalement pas réussi « Perfect ».

Bien sur, avec un tel postulat le risque le plus grand était de sombrer dans la parodie un peu facile de l’Heroic Fantasy. Certains d’ailleurs pourraient voir le film ainsi mais ce sera tout de même évité. De façon assez discrète, des éléments sont disséminés afin de rendre les événements potentiellement crédibles. Un sorcier avec une hutte comme Q.G et qui arriverait à réduire des villageois en esclavage, présenté tel-quel semble un postulat parodique. Pourtant le personnage de Galev est capable d’invoquer des démons, ce qui prouve son niveau à peu près correct. Et il est facile d’imaginer, vu son discours, que des mercenaires avide de richesse auraient été capable de le suivre dans ses délires probablement persuasif.
Jamais le film ne se laisse aller à l’incohérence facile afin de faire rire ni à laisser le spectateur combler les trous du récit ce qui est pourtant un caractère de la parodie. L'histoire bien que simple tient parfaitement sur ses jambes.
Faut- il en conclure que « Slayers au cinéma = juste de l’humour » serait la formule gagnante ? Ça c’est encore autre chose.

Si l’on ne sombre pas dans la parodie et que l’on reste dans la pure tradition de l’œuvre de Kanzaka, l’absence de grandeur et de prise de risque est quand même bien dommageable. Lorsqu’on sait ce que la série était capable de nous offrir avec peu de moyens et vu les pistes offertes par « Perfect », on se met à rêver une adaptation filmique qui saurait incarner autant l’humour que le sérieux du matériel d’origine.
Car Slayers purement rigolo on connaît, c’est la même formule que les OAVs. Oui sauf que voila, nous sommes au cinéma, pas à la télévision. Ce manque de prise de risque est quand même bien désagréable à avaler. Autant de moyens technique mis au service du plus basique aspect de Slayers c'est, il faut le dire, un joli gaspillage. Il y a tellement d'autre chose à faire même en une heure de temps.

D’un point de vue spectacle, ce « Slayers Return » est en tout point plus satisfaisant que son prédécesseur. C'est assez paradoxal mais finalement logique ! Sa grande qualité est de raconter une histoire peut-être trop simple, mais de bien le faire. Après, d’un point de vue cinématographique il s’avère au final moins intéressant, tant il n’a pas grand-chose à nous raconter de plus que ce que l'on voit. Entendez par là qu'un seul visionnage vous suffira pour en faire le tour. Et comme nous perdons l'aspect « grand écran » au passage...
Cela dit, le film est moins beau techniquement que son prédécesseur ; moins varié (on se cantonne beaucoup à des forets comme décor) ; la narration est plus simpliste alors que le précédent s’autorisait des flash-back et même des bonds temporels. Et en plus il est plus court !
Ce n’aurait pas été un problème s’il avait s’agit du seul film exploitant cette voie. Après tout ce n’est que le second, ils peuvent bien expérimenter des choses différentes. Sauf que voila, ce modèle va être un peu trop systématiquement suivi par les opus suivants.

Titre : Slayers Great
Durée : 60mn
Studio : JC Staff
Distributeur : Toei Animation
Sortie : 2 Aout 1997
Staff:
Histoire: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation : Kuinihiko Yuyama, Hiroshi Watanabe (Star Ocean, Video Girl)
Scénario : Hajime Kanzaka
Chara-design : Takahiro Yoshimatsu (Trigun, Ninja Scroll)
Décors : Hiroshi Kato (Gunbuster 2; Gurren Lagann)
Compositeur : Takayuki Hattori (GTO; Sister Princess)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara
Naga le Serpent : Maria kawamura (Gunbuster; Mobile Suit SD Gundam, Evangelion)
Rya : Kikuko Inoue (Air; Nadia: Ah my Goddess)
Seigneur Haizen : Kiyoshi Kawabuk (Silent Moebius; D Gray Man)
Seigneur Granion : Norio Wakamoto (Appleseed; Tenchy Muyo; Kiddy Grade)
Galia : Seizo Katou (Gunsmith Cats, Lupin III)
Huey : Takehito Koyasu (Angel Sanctuary; Betterman; DNA2)
Ending:
Titre: « Reflection »
Interprète : Megumi Hayashibara
Paroles: ?
Compositeur : ?

Critique :
Et lorsqu’en 1997 débarque « slayers Great » on est impatient de savoir à quel type de film on va avoir le droit. Et c’est un peu la désillusion lorsqu’on comprend qu’il s’agira de la même construction que « Slayers Return » : un début assez sérieux pour finalement terminer dans le grand n’importe-quoi. Sauf que celui-ci est beaucoup moins peaufiné que son modèle et, s’il n’est pas un spectacle désagréable, ne convaincra jamais complètement. Pourtant le film avait -encore une fois- pas mal d’atouts dans sa manche.
Le problème d’avoir une structure en deux intrigues, c’est qu’il faut alors traiter correctement les deux… Et sur ce point « Great » abandonne tout simplement en cours de route.
Pourtant la thématique de la rivalité est chose courante dans la saga (Next épisode 3, Try 9 et 10, Slayers Excellent 3…et j’en passe), on pourrait donc penser qu’il s’agit de quelque chose de maitrisé.
Eh bien non ! Après une demi-heure à placer les conflits entre les deux seigneurs de Stoner et la dualité père/fils de Galev et Huey, le combat de golems commence et c’en est fini de l’histoire du même coup. Tout ceci n’était finalement qu’un prétexte pour que Lina et Naga puissent s’en mettre plein la pomme. La rivalité des seigneurs ? Volatilisée ! La grogne entre le père et le fils ? Une petite tape dans le dos à la fin et on n’en parle plus (un peu comme l’épisode 16 de Next… Sauf que ça durait 20mn) ! On peut quand même se demander si autant de temps était nécessaire pour trouver une raison aux deux sorcières de s’affronter.

Qui plus est quand la mise en bouche n’est pas aussi satisfaisante qu’elle aurait dû l’être. La faute d’abord à une première partie extrêmement mal rythmée. Soyons honnêtes, on devine dès les premières minutes qu’il va y avoir une rivalité, que Lina et Naga vont chacune rejoindre un camp et se combattre, pourtant à l’écran ça prend un temps infernal. Quand on sait qu’avec une durée trois fois moindre la série savait poser sa situation et la rendre crédible de façon efficace, on se dit que parfois le mieux est vraiment l’ennemi du bien. En plus, l’humour repose en grande partie sur la présence du personnage de Rya qui possède un running-gag profondément affligeant, bien accentué par ce bruit cartoonesque horripilant et qu’on nous servira à intervalle régulier faisant penser que les auteurs n’avaient peut-être pas l’inspiration nécessaire pour tenir aussi longtemps.
La preuve en est avec le fameux affrontement qui dure quand même la moitié du métrage et qui aurait pu durer bien plus si ils avaient voulu. Quant à la cassure que cela produit, elle nous donne le sentiment de voir deux métrages différents.
Si l’on repense à « Slayers Return », on pourrait penser qu’il s’agit du même cas de figure. Eh bien pas vraiment, car si le film dérivait dans le n’importe-quoi il n’abandonnait jamais son intrigue. Les délires montaient crescendo, offrant ce qu’on peut quand même qualifier de cohérence et un rythme constant dans son récit.
« Great », à partir du moment ou le combat commence, se fiche éperdument de son intrigue. De plus, l’apparition des golems s’avère être le point culminant du film ! La surprise une fois dévoilée, le soufflet ne cesse de retomber, doucement mais surement. Aussi drôle soit le combat, la réalisation n’est pas franchement spectaculaires tant ces deux géants (un et demi) sont empotés, contrastant avec tous ceux que nous avions pu voir jusqu’à présent dans la série et films. Et mis-à-part leur apparence, ils ne cache aucune surprise ! A croire que deux golems aux proportions différentes qui s'affronte n'est pas si propice que ça à une pléthore de délires visuels. Tout ça finit par se trainer et pour se conclure de façon un peu trop prévisible : un Drag Slave bien placé. Etait-ce alors bien nécessaire tout ça ?

Et c'est bien dommage ! Car Slayers Great abordait un élément intéressant : les golems. Aussi stupide cela puisse paraître, nous n’avions vu alors que des golems magiques. Pourtant ce film dévoile qu’il existe bien une technologie dans le monde de la barrière qui permet d’en créer mécaniquement. Et le tout activé par une sorte de moteur.
Nous retrouverons ce principe dans Slayers Revolution avec les tanks, mais là encore on ne s’attardera pas dessus.
Une demi-heure passée sur la création des golems, et finalement à part savoir qu’il faut un cœur chargé en magie dedans (sans qu’on nous dise comment celui-ci est d’ailleurs chargé... C'est magique ?), on ne nous apprend rien. C’est dommage et imputable à ce choix de ne plus vouloir prendre aucun risque en terme de background. Vraiment dommage.
Pourtant, si l’on peut lui reprocher pleins de choses, le tout reste distrayant. Qu’on le veuille ou non, la rivalité entre Lina et Naga reste l’ingrédient comique le plus nourricier des films et on ne s’en est jusque là, pas encore lassé.
Un divertissement appréciable, mais le prochain rendrait presque ce film obsolète.

Titre : Slayers Gorgeous
Durée : 60mn
Studio : JC Staff
Distributeur : Toei Animation
Sortie : 1 Aout 1998
Staff:
Histoire: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation : Hiroshi Watanabe (Star Ocean, Video Girl)
Scénario : Hajime Kanzaka
Chara-design : Masahiro Haizawa (Orphen; Digimon)
Décors : Shunichiro Yoshihara (Blue Seed; Saint Seiya Lost Canvas)
Compositeur : Osamu Tezuka (Medabots) Takayuki Hattori (GTO; Sister Princess)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara
Naga le Serpent : Maria kawamura (Gunbuster; Mobile Suit SD Gundam, Evangelion)
Seigneur Culvert : Akira Kamiya (City Hunter; Detective Conan)
Gaizno : Junpei Takiguchi (D.Gray Man; Karin)
Thornfort : Kaneta Shiozawa (Case Closed; Gatchaman)
Marlene : Kyoko Hikami (Di-Gi Charat; To Heart)
Ending:
Titre: « Raging Waves »
Interprète : Megumi Hayashibara
Paroles: ?
Compositeur : ?

Critique :
Dernier film de la première époque, Slayers Gorgeous pourrait presque être qualifié de remake de « Slayers Great » tant sa construction est similaire : une ville ou s’affrontent un père et une fille pour la domination du royaume (agrémentée d’une sombre histoire d’argent de poche) ; chacune de nos deux sorcières rejoignant un camp qui finiront par s’opposer lors d’un combat final.
A quoi bon raconter la même histoire une seconde fois ? C’est une bonne question ! A priori on pourrait y voir une pâle copie et un peu de paresse de la part de l’équipe… Pourtant, comme ça arrive en certaine occasions, la copie surpasse l’original.
Le gros avantage de Slayers Gorgeous face à son prédécesseur, c’est de ne pas céder à la facilité comme ce fut le cas de « Great ». L’histoire est mieux rythmée et restera cohérente jusqu’au bout. Mais la principale différence reste dans le fait que le scénario ne reste pas au statu quo exposé au début, en s’autorisant même un rebondissement final avec pour adversaire un dragon.
Là ou il fallait meubler pendant trente minutes avec le même combat, « Gorgeous » permet de capter plus notre intérêt en relançant son récit (même si c'est de façon très simple) plutôt qu’en nous servant une énième confrontation entre l’Epouvandrag et le serpent Blanc.

Et fait intéressant, le film se reverrait presque à titiller la mythologie en parlant de la déchéance actuelle dans laquelle sont tombées les dragons. Dommage que cela n’aille pas plus loin et que l’on ne sache pas vraiment à quel type de dragons nous avons affaire. Difficile donc de savoir si cela colle vraiment à quelque chose de précis ou si ce n’est qu’un ajout sans réel impact. Sans doute de la pur esbrouffe donc, mais l’effort est là ! En ajoutant une petite touche de sérieux qui avait disparu des films, tout en gardant un humour corrosif, avec une adversaire qui se bat une épée en bois… ce Slayers Gorgeous serait une sorte de pot-pourri de tout ce qui a été fait dans les films jusqu’à présent. Ce qui s'avère une très bonne idée.
Et à la différence des précédents métrages, le film possède une vraie patte dans sa réalisation. Comme libérés, les plans virevoltent, tentant des mouvements surprenants pour un film Slayers. Les trois précédents films n’étaient pas mal réalisés, mais la mise-en-scène était toujours raide, sans style particulier. Des films d’animation comme on en voit à la pelle : bien mis en boite mais sans identité (je parle de réalisation, non de graphisme).
Ici, Hiroshi Watanabe, enfin débarassé de coréalisateurs génants, tente des angles et des mouvements plus audacieux, que même « Premium », pourtant techniquement plus récent, ne peut pas se vanter d’avoir.
Sans non plus prétendre à nous offrir du jamais-vu, on se retrouve avec quelque séquences de bonheurs, comme les deux duels dans la forêt (avec des travelings avant et arrière, permettant au passage un peu de fanservice), jusqu’à la séquence finale lorsque Lina pénètre dans une église et y lance le Drag Slave surement le plus graphique de tous les films.

Toutes ces petites choses additionnées font de Slayers Gorgeous le meilleur film de la saga à ce jour. Paradoxalement, ce n’est pas forcément le film que j’apprécie le plus au visionnage. Slayers Perfect était plus ambitieux, Slayers Return plus drôle, Slayers Great racontait la même chose… Oui sauf que tous ces autres films n’excellaient jamais au mieux que dans un seul domaine.
Slayers Gorgeous est le seul à combiner avec le plus de talent tout ce qui fait la richesse de Slayers, avec en bonus une réalisation bien au dessus de ses camarades. De ce fait, c’est finalement le moins original qui s’avère le plus réussi. Il faut croire que Lina ne fera jamais comme tout le monde !
Ainsi, s'il n'est pas le film épique qu'on attend toujours, il est celui qui s'en rapproche le plus encore aujourd'hui.

Ceci achève la première époque des films Slayers. Après cela, il faudra attendre trois ans pour avoir un nouveau « long » métrage avec Lina Inverse sur nos écrans et comme nous le constaterons d’ici quelque paragraphes, il est difficile de le considérer de la même façon tant il est différent.
De ce fait, il nous faut encore voir certaines choses. A l’écriture de ce dossier j’ai été de nombreuses fois bloqué sur la meilleure façon d’aborder ces films. Car si ils sont tous indépendants, cela ne les empêche pas de régir à certains codes qui leurs sont propres et qui finalement les relient. Devais-je en parler en traitant les films directement ou plutôt à part ? J’ai choisi la seconde solution afin de ne pas me disperser. Les films fonctionnant comme des entités propres, il vaut mieux que ce soit le cas pour les critiques. Je trouve donc plus judicieux de parler des points supplémentaires à part. Car il y a encore quelque petites choses à dire. La mythologie ne fait pas tout !

Bien sûr on ne peut pas commencer cette partie en parlant de la différence la plus importante de cette fausse quadrilogie : le duo. Nous l’avons dit bon nombre de fois, Slayers est une affaire de binôme. Et si pour le lecteur Lina et Naga est déjà bien connu, pour ce qui est de l’anime c’est via le cinéma que nous sera introduit le personnage pour la première fois, les OAVs arrivant un an plus tard.
Sans faire non plus une présentation exhaustive du personnage, revenons sur ce que cela apporte et diffère du célèbre duo Lina/Gourry.
Etrangement dans sa conception, Naga serait un personnage bien plus classique : elle est la rivale de Lina et donc par définition, son antithèse. Ce qu’elle est d’ailleurs que ce soit d’un point de vue physique (grande brune à la poitrine opulente/petite rousse plate) que magique (affinité avec la magie de glace/ affinité avec la magie de feu). Bref on pourrait faire quasiment un jeu des sept différences, mais le fait est qu’un rival qui s’avère être l’inverse (Lina) du personnage principal est une mécanique assez courante.
Pourtant Naga partage un point commun avec notre fameux guerrier : elle n’est pas la rivale attitrée de Lina, c’est elle qui s’est proclamée comme telle, tout comme Gourry s’autoproclame gardien. Cette petite différence a en fait d’énormes conséquences.
Grâce à ce petit tour de passe-passe, la relation de Lina et Naga est riche d’ambigüités. Tantôt alliées, tantôt adversaires, pas franchement ennemies mais pas non plus amies, d’un postulat un peu trop simple, on se retrouve en fait avec une situation originale, permettant des retournements de situations assez inattendues. On pourrait presque dire qu’il ne s’agit pas d’un vrai binôme et à l’image de la séquence d’ouverture de « Perfect », la Lina qu’on nous dépeint est bien plus solitaire et démontre qu’elle est aguerrie aux voyages. Un portrait que n’a pas vraiment le temps de nous proposer la série ou l’héroïne est accompagné en permanence.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette dualité et ce qu’elle apporte, mais le but ici était surtout de souligner les bases exploitées par les films.

Et forcément, Slayers a toujours eu ses passages obligatoire dans la série. Il ne pouvait en être autrement dans les films.
Ainsi, comme le film commencera toujours avec un repas (de façon un peu tardive dans Perfect) il terminera toujours par un générique épiloguant sur les événements. Cette idée assez amusante aura comme mauvaise manie à partir du second film de trop pousser le happy-end. Bien entendu aucun film ne termine tragiquement, mais on verra alors les anciens méchants devenu soudainement très gentils et pardonnés par tout le monde. C'est un peu inutile et ça fait paraître la fin plus mièvre qu'elle ne l'est vraiment.
Et surtout à la fin nous avons une poursuite entre Lina et Naga pour laquelle elles bataillent (sauf là encore dans Perfect). Cette étrange séquence est présente à chaque fois et diffère toujours un peu à chaque fois. Et aussi anodine qu'elle puisse paraître, elle est très intrigante. Et à vrai dire, je ne pourrai pas énoncer de théorie dessus, peut-être parce-que mes connaissances sur l'univers de Kanzaka reste très limitées, mais du coup je ne sais pas à quoi ça correspond. Doit-on y voir une symbolique ? S'agit-il d'une pièce en particulier ? Est-ce que c'est juste un ultime délire de l'équipe? Franchement je ne pourrai pas vous dire. Peut-être que c'est un peu tout ça à la fois.
Évidemment ça fait un peu plat, mais au lieu de dire n'importe-quoi, je me contenterai de le souligner, car cela me paraissait important.
Le seul truc un peu amusant dans l'histoire, c'est de voir des films comme « Great » et « Gorgeous » qui s'escriment à inventer des prétextes pour faire s'affronter les deux filles, alors qu'avec une seule pièce ça nous paraît totalement plausible.

Bien sûr, nous l'avons déjà dit, mais l'aspect technique est également un lien très fort.
Nous sommes rapides à faire le raccourci : Lina/Naga pour les films et Gourry/Lina pour la série. Il paraît logique, mais finalement en quoi ? La série nous conte des événements chronologiques évident. Les événements de Slayers se passent avant Next qui se passe avant Try. Les films... Qu'est-ce qu'on en sait ? Le second pourrait être le premier et le premier le dernier ! Et finalement, rien ne les empêchait de raconter une autre période, d'avoir un autre style graphique d'un film à l'autre (comme ce sera fait avec Premium). Même la série s'offrait de légères retouches de design d'une saison à l'autre. Ces films sont immuables. Ils ont la même identité visuelle et musicale (avec un thème principal splendide).
Cette faculté ne leur fait pas forcément défaut, car même si ça pourrait décevoir ceux qui auraient aimé plus d'originalité, elle est non seulement dans la logique narrative qui veut que les films sont construits de façon très similaires, mais encore plus important ils sont intemporels. « Gorgeous » qui est trois ans plus jeune que « Perfect » n'est pas identifiable, là ou «Next» paraît immédiatement plus récente que « Slayers ».
ce choix de les souder ainsi graphiquement (malgré un changement de chara-designer pour Gorgeous, mais c'est pas super flagrant), tout en les rendant très libre temporellement leur permet de traverser plus facilement les années tout en pouvant presque paraître comme une vraie quadrilogie. Là ou la série apparait bien plus décousue sur son identité visuelle. Ceci est quand même une particularité très cinématographique quand on y réfléchit.
Voilà pour les points les plus importants. Je n'ai pas forcément dit tout ce que j'avais à dire, et peut-être que cette partie n'avait pas sa place ici (plutôt dans la conclusion), mais vu le film qui va suivre et faute de mieux pour l'instant, je pense qu'il fallait quand même en parler quelque part.

Titre : Slayers Premium
Durée : 30mn
Studio : JC Staff
Distributeur : Toei Animation
Sortie : 22 Décembre 2001
Staff:
Histoire: Hajime Kanzaka (Lost Universe; Higaeri Quest...)
Réalisation :Junichi Satõ (Sailor Moon R; Aria)
Scénario : Junichi Satõ
Chara-design : Tetsuya Kumagai (Skip Beat; Super Doll Licca-chan)
Décors : Junichiro Nishikawa (Angel Sanctuary, Yu-Gi-Oh GX)
Compositeur : Takayuki Hattori (GTO; Sister Princess)
Voix :
Lina Inverse : Megumi Hayashibara
Naga le Serpent : Maria kawamura (Gunbuster; Mobile Suit SD Gundam, Evangelion)
Gourry Gabriev : Yasunori Matsumoto (Fullmetal Alchemist; Love Hina)
Zelgadis Greywords : Hikaru Midorikawa (GTO; Slam Dunk)
Amelia Will Tesla Saillune : Masami Suzuki (Gate Keepers; Suzuka)
Xellos : Akira Ishida (Evangelion; Naruto; Chrno Crusade)
Ruuma : Yuri Shiratori (Magic Knight Rayearth; Saber Marionette)
Chie-tako : Takahiro Sakurai (Gate keepers, Zero no Tsukaima)
Ending:
Titre: « Feel Well »
Interprète : Megumi Hayashibara
Paroles: Megumi Hayashibara
Compositeur : Takahashi Gou

Critique :
Et nous y arrivons enfin ! 2001 et le retour de Slayers dans les salles obscures avec un nouveau film répondant au doux nom de « Slayers Premium ». N’ayant à ce jour pas donné naissances à d’autres opus, on pourrait penser qu’en parler comme une « nouvelle époque » est un peu exagéré, pourtant je pense qu’avec son choix de prendre place dans une autre période chronologique de la saga par rapport aux quatre précédents films permet de lui accorder un tel titre.
Car oui ! C’est une table rase qui est faite pour cet épisode ! Nouveau réalisateur (qui a majoritairement réalisé des séries de magical girls) ; nouvelle équipe et nouvelle durée ! Et là je ne parle que des changements techniques. L’autre nouveauté, qui n’en est pas vraiment une, c’est de nous offrir pour la première fois au cinéma le duo célèbre de l’anime : Lina et Gourry.
Et il faut dire qu’à l’époque, Premium a du pas mal souffrir. Un peu comme avec Revolution mais sept ans plus tôt, il a fallu reconquérir son public après l’échec de Try et trois ans d’absence. J’ignore d’ailleurs ce qui a poussé à refaire un film tant il semble perdu et ne correspond à rien de précis. Si quelqu’un le sait…
Probablement alors que certaines têtes « bien-pensantes » ce sont dit qu’il fallait tout revoir à zéro. Après tout la formule des films date des années 90 ! C’est le nouveau millénaire bon sang ! En tout cas la conséquence est salée à payer : au lieu de la petite heure habituelle, c’est péniblement que « Premium » atteint les trente minutes.
Un peu en signe de rédemption d’ailleurs, l’histoire est censée se dérouler après « Slayers Next ».
Malgré-tout, ce film est le mouton noir de la série et pourrait presque, oserai-je le dire, être considéré comme le « Slayers Try » cinématographique. Rien que ça ? Eh bien oui. Enfin... toute proportion gardée entendons nous !

La raison de cet échec est que rien ne fonctionne dans ce métrage et ce sur tous les tableaux, que ce soit artistique ou filmique.
Dès les premières secondes on ne peut que contester ce choix d’avoir entièrement revu le chara-design, rendant certains de nos personnages méconnaissables ( Zelgadiss a regard très… efféminé). Pourtant en soi le rendu est plutôt joli et même plus fidèle au trait actuel de Rui Araïzumi. Oui mais voilà, si les précédents films adoptaient un style différent c’était d’abord pour soutenir le principe que l’époque était également différente et des protagonistes différents. « Slayers Premium » est censé être en plein milieu de Next et Try. Or ce choix le rend impossible de l’inscrire dans une telle continuité. C’en est à un point que la première fois j’ai eu du mal à reconnaître l’épée de lumière.
Et en terme de mythologie on ne peut pas avoir d’inédit. On peut rétorquer que les précédents films non plus, mais leur avantage était de se passer avant « Slayers », permettant, même si ce n'était qu'illusoire, de donner quelques os à ronger. « Premium » n'a même pas cette marge.
Alors aussi sympathique soit ce changement graphique, il est purement gratuit, avec pour seul but de nous masquer le fait qu’on va nous servir une intrigue qui atteint le zéro absolu en termes d’enjeu. Difficile alors de cautionner ce choix.
Pourtant c’est vrai que lorsque ça commence, retrouver Lina et Gourry dans ce restaurant fait plaisir et le tout commence dans une ambiance très sympathique. Mais dès que le restaurateur entre dans la pièce (scène qui n’est qu’un mélange honteux de deux gags de Next) on rentre de plein pied dans l'histoire et par le même coup dans les ennuis... Ou l'ennui tout simplement.
La durée du film et son pitch amenait pourtant à une seule direction possible : une petite histoire drôle et sans prétention. Sauf que non ! « Slayers Premium » se prend finalement très au sérieux.

L'histoire d'abord est bourrée d'incohérence et de trous. Arrivé dans la ville pour déguster une fameuse pieuvre locale, Gourry se voit empoisonné et condamné à s'exprimer dans le langage des mollusques. D'après la légende, un démon serait emprisonné dans une jarre scellé par des piliers. Lina a détruit ces piliers et ce serait la cause l'épidémie (d'une demi-journée). Ce qui est faux étant donné que le Mazoku est toujours dans la jarre. Il n'est pas encore libéré. Or on sait que seule les pieuvres ayant reçu de l'énergie d'un Mazoku sont dangereuses. Comment le Mazoku, alors encore scellé, a t'il pu contaminer les pieuvres ? Et admettons qu'il le puisse, il aurait réussi à le faire en une matinée ? Les pieuvres ont eu le temps de le trouver,de se faire contaminer, puis se faire pêcher et s'organiser pour récolter l'énergie ? En une foutue matinée ????? La seule solution serait que les pieuvres soient contaminées depuis longtemps, mais alors dans ce cas, ça a encore moins de sens.
Pire encore ! Le fameux maitre de Ruuma ayant prévenu trois ans à l'avance de cette catastrophe et qui part dans les montagnes pour trouver un remède... En clair, au lieu d'empêcher la malédiction de se produire, il préfère aller chercher l'antidote... C'est très alambiqué comme façon d'aborder un problème.
Donc pour la première fois, le pitch d'un film Slayers ne tient pas debout. Oui, c'est symptomatique d'une parodie.
La suite n'est qu'un enchainement de gags balourd basé sur les différences de sens du langage pieuvre, sans aucun développement concret du pitch de base. Au lieu de ça, on préfère perdre une minute avec une chanson insipide, il faut l'avouer très bien rembarrée par une Lina qui dira tout haut ce qu'on pense tout bas, mais ça n'enlève pas le fait qu'on a dû se la farcir.

Et c'est alors que débarquent en pagaille Xellos, Amélia et Zelgadiss. Pourquoi faire ? Absolument rien ou plutôt afin de contenter les fans. Mais ce que le fan veut n'est pas forcément parole d'évangile.
Xellos ne sert à rien, si ce n'est mentir au spectateur (il dit trouver l'histoire intéressante); Zelgadiss fait tapisserie, quant à Amélia... eh bien... Revenons à la base voulez-vous ? Amélia n'est pas une parodie d'un personnage de Sentaï. Elle est un personnage de Sentaï projeté dans un univers d'heroic Fantasy. Bien sûr, le trait à parfois été grossi afin d'en faire un élément comique, mais jamais n'importe-comment.
Dans « Premium » elle est tout bonnement hystérique : elle hurle, elle saute partout; elle fait des yeux gigantesques; elle se perche sur toutes les battisses possible... tout ça pour rien !
Ce cabotinage exacerbé fait qu'elle tombe elle aussi dans le piège de la parodie.
C'est très simple, elle est insupportable dans ce film. Et je vous dis ça alors que, à la différence de beaucoup, j'apprécie le personnage.
Quant à Naga... ce clin-d’œil honteux aux ancien films mérite à peine qu'on le souligne. Réduite à une apparition proche du néant, elle ne rend pas justice au personnage qui faisait quand même la moitié de la réussite des films précédents.

Enfin, après des combats hideux avec de la 3D cradingue et un effet « Bullet time » stupide, le grand mazoku fait son apparition. En plus de n'être qu'une copie moche du Nessie, il réussit à plonger le film dans le drame. Sur une musique poignante, on essaie de nous faire croire que c'est très triste cette manipulation qu'a subie les pieuvres. Vraiment ? Donc en plus de ne pas être franchement drôle, voilà que le film rate aussi l'aspect sérieux de Slayers. Franchement... vous avez-vu la tronche des pieuvres ? Vous voulez vraiment nous faire compatir à leur sort ?
Allez !Drag Slave rapide et c'est fini. Il n'y a plus qu'à recopier la séquence finale habituelle de course-poursuite -en moins bien- et vous avez terminé ! Tant mieux, car malgré sa petite moitié d'heure, tout ceci arrivait à trainer en longueur.

Réalisation sans âme, surtout à cause d'une 3D maladroite, personnages sous-exploité, intrigue mal foutue... « Slayers Premium » est une mauvaise parodie de Slayers.
Et se prendre soudainement au sérieux avec une base d'histoire pas plus poussée qu'un épisode break... c'était idiot. Ce n'est pas parce-que le film est 10mn plus long qu'il faut soudainement avoir des idées de grandeur. A la place il aurait été plus valable de peaufiner les dialogues absolument pas fun (qui n'a pas été déçu du sens de « I love you » de Gourry ?).
Gâchis donc que d'avoir offert une telle animation et un nouveau chara-design au service d'un film qui n'en mérite pas le titre (« OAV de luxe » lui conviendrait mieux). Et qu'on ne me parle pas des drama ou autre mangas complémentaires. Les films en kit n'ont en aucun cas le droit à un traitement de faveur.
Bien sûr on ne peut pas cacher un certain plaisir coupable lorsqu'on le regarde ! Sa courte durée le rendant finalement moins nocif qu'un poulpe. Et moi-même j'apprécie ces retrouvailles avec Lina dans une animation assez propre (plus que Revo-R) Mais c'est bien tout ce qu'on peut lui accorder... ça et de bonnes musiques. Mais forcément vu qu'elles sont pompées de la première époque !
« Slayers Premium » est vraiment à voir à part des quatre films précédents et je dois dire que c'est tant mieux.

Que pouvons nous donc conclure de ces cinq escapades de Lina sur grand écran ? Que notre chère sorcière aux cheveux roux (ou feuille morte, selon l'époque) n'apprend pas de ses erreurs.
Parti sur un film très bancal mais nourri d'une vraie volonté de bien faire et de nous offrir un Film au sens noble du terme, jamais les autre ne persévèreront dans cette voie, se cantonnant à des divertissements généralement de bonne qualité, mais sans aller plus loin que le bout de leur nez.
Les films de Slayers n'en restent pas moins des expériences divertissantes et plutôt représentatives de l'aspect délirant de l'œuvre, mais ils n'en captent jamais les autres aspects.
De ce fait, hormis un moyen de prolonger un peu plus l'aventure pour les fans, ils n'en resteront que des coupes-faims bien loin de la qualité narrative de la série télé ou, bien entendu, des romans. Ce qui nous fait dire que Slayers souffre du même symptôme que les adaptations de séries au Cinéma et ce malgré tous ses efforts pour être accessible à tous : ça s'adresse d'abord aux aficionados. Le pèlerin découvrant l'univers n'y verra que des comédies sur fond médiéval et ne s'attachera probablement pas autant que le connaisseur. Or comme j'ai dit, la mythologie qu'emploie les films est très légère. Du coup ça ne contente personne totalement.
Évidemment il faut quand même dire que les films sont, avec les OAVs, les seuls moyens de découvrir le personnage de Naga en France. Ça ne fait pas tout, mais c'est toujours bon à prendre.
Le jugement peut paraître bien sévère à certains qui pensaient sans doute que je traiterai ces films comme des objets sacrés. D'ailleurs ne vous méprenez pas ! Je suis très attaché à ces films. Mais Slayers c'est de l'Heroic Fantasy. Or au cinéma elle a complètement oublié d'être héroïque. Il n'en reste que la fantaisie, c'est déjà pas mal mais c'est insuffisant et les quelques séquences allant dans ce sens sont malheureusement trop peu nombreuses. Je pense qu'on était en droit d'attendre beaucoup plus, et même si la majorité s'en contentera parce-que ça reste dans la tradition de ce que sont les films à licence dans la Japanime, le potentiel de la saga a au Cinéma est bien plus fort que ces sympathiques mais hélas, inoffensifs métrages.
Croisons les doigts, si après « Try » Slayers est revenue dans une saison de haute volée, il est tout à fait imaginable qu'il en soi de même après
« Premium ».
Après tout, ça ne fait pas de mal d'espérer.
Shakka.

Pour en savoir plus, donner votre avis, poser vos questions ou participer, c'est sur ce topic